"L'éternité, c'est long, surtout à la fin" serait sans doute une plaisanterie un peu rude pour ce joli film. Et pourtant... il ne s'y passe rien. L'histoire ne quitte jamais l'imparfait, ce temps employé au début des contes pour préciser quelle est la situation première, avant la péripétie qui la fera flancher. Les naissances, les morts, les mariages, les baptêmes se succèdent au rythme des morceaux de guitare ou de piano. Certains sont poétiques, d'autres attendrissants. Mais il est bien difficile de s'attacher aux personnages, de se reconnaître en eux ou même de s'inquiéter pour eux. Nous n'en avons pas le temps, en les suivant cependant le temps de leur vie.
Nous sentons bien, au fil du film, que les liens les plus importants sont ceux qui se tissent entre ces peaux touchées, ces peaux baisées, par la mère, l'épouse, le père, le mari, l'enfant. Toutes les scènes se déroulent dans de beaux appartements, au bord d'eaux paradisiaques, sur des chemins de forêts plus vertes que le printemps, et elles sont diaprées d'une lumière joyeuse. Nous nous trouvons dans un joli monde, qui pourrait approcher du paradis, si les mères n'y perdaient pas leurs enfants et leur mari.
Peut-être est-ce là l'erreur de ce film, confondre l' "éternité" et l'humanité, mêler notre monde à un autre, dans une troublante esthétique.