Eternité est tout sauf un film sur la vie, encore moins un film sur les femmes. C'est une apologie passéiste de la bourgeoisie, une sorte de cliché de la parfaite maîtresse de maison, décliné sur plusieurs générations de femmes interchangeables. Tout le monde est parfait, comme le sont tous les couples, qui s'aiment sans nuage. Tous les personnages sont lisses, sans aucun trait distinctif, on passe de l'un à l'autre sans s'en rendre compte, jusqu'à mélanger les prénoms des personnages "principaux", comme de ceux de leur nombreuse progéniture.
Le quotidien n'existe pas, les doutes, le travail, l'argent... tout n'est que petits baisers légers au ralenti sur la nuque de sa maman ou de son bébé, recouverts d'une voix off qui récite des phrases sur le bonheur d'être mère qui emplit la femme du sentiment de vivre, sur fond de piano incessant. Chaque début de problématique intéressante est immédiatement désamorcé : le seul personnage qui refuse sa voie toute tracée devient nonne, le mariage arrangé est on ne peut plus heureux, la guerre qui emporte les fils n'est même pas évoquée.
Tout glisse sur le papier peint et les fleurs de l'immense villa et des appartements luxueux. Et sur moi.