Étrange séduction porte son nom mieux que quiconque. Il désigne un effet ce qu’il est en mesure de déclencher. L’étrangeté peux l’emporter et le film sembler, pas tellement vain, mais fumeux. Balade existentielle à Venise, Étrange Séduction présente un couple faisant l’expérience du vide, qui suit et renforce le désenchantement. Leur amour s’étiole et la vie ne leur apporte pas grand chose, bien qu’ils ne soient pas omniscients.
Ils vont tenter de doper leur passion en revenant sur les lieux de l’apogée de leur relation. Progressivement, la stimulation, l’envie reviennent. Pour l’entretenir, ils s’échangent leurs fantasmes et commencent timidement à les appliquer. Cela reste poussif. Un palier sera franchi avec la rencontre d’un couple de grands propriétaires, ambigus, remplissant leur quotidien entre principes écrasants (pour Monsieur) et déviances.
A-priori sous l’influence de Ne vous retournez pas de Nicolas Roeg, Paul Schrader (American Gigolo, Hardcore, The Canyons, Auto Focus) réalise un thriller psychologique extrêmement original. Les intentions sont peu limpides et le point de vue ne s’éclaircit que lors des dix dernières minutes, radicales mais pourtant assez plates. Le cinéaste met en place une atmosphère extraordinairement étouffante envers laquelle, comme ce couple blasé, le spectateur est ambivalent.
Malgré la suspicion face à la liberté concrète s’étiolant ouvertement, il y a la réceptivité à cette sensation de risquer sa peau pour un confort malsain mais protecteur. Etrange Séduction est souvent lourd dans son écriture, peut laisser perplexe quant à certaines audaces (scène du restaurant), mais il évoque assez brillamment cette satisfaction perverse procurée par l’abandon de soi et de son autonomie.
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