Qu'est-ce qui définit un être humain ? Quelles sont les éléments qui le forgent ? Quelle est la part de l'acquis, quelle est la part génétique ? Est-il possible de faire un film parlant de robotique en évitant plusieurs écueils trop communs ? Peut-on prendre un acteur allemand pour jouer un espagnol ? Quelle est la place des sentiments ? Peut-on se permettre la sobriété dans un monde qui se doit d'être futuriste ?
Certes on emprunte des chemins déjà foulés, poussiéreux et marqués par le temps, cependant le paysage est passablement verdoyant et même si on le reconnait on le contemple avec plaisir. Du beau boulot donc à de nombreux points de vue, les acteurs étant tous à la hauteur (je pense d'ailleurs à la liste de Thomas_Dekker sur les enfants acteurs), la réalisation étant sobre, belle et calme, une bo agréablement choisi. Le film pêche un peu dans son scénario (quelques incohérences, quelques infos trop attendues) mais nous fait aborder les différents éléments de manière pertinente mais revues et revues, que ce soit les questions, les relations dans ce quatuor.
Spoilant sans remords (te voilà prévenu), on retrouvera sans surprise aussi bien du Frankenstein, que du Blade Runner, tandis qu'un spécialiste de la robotique revient dans son pays natal pour finir un projet de robot "libre" à l'image d'un enfant, retrouvant son ex', son frère qui est maintenant avec son ex' et l'enfant de la première. Et c'est en partie là que le film réussit son coup, l'université où il travaille permettant le cadre didactique d'introduction pour le spectateur, l'ambiance est bien entretenue, le cadre plutôt soigné.
Même si ce n'est pas d'une subtilité folle, on savoure cette relation entre les deux frères, ces regards, ces non-dits, ces sourires qui veulent cacher la crainte de se faire ravir sa place, le jugement rapide, la tension. On apprécie aussi la mère dont le jolie minois se conjugue avec délicatesse a un caractère enjoué. Là où ça devient autrement plus intéressant c'est dans la relation que notre personnage principal va commencer à entretenir avec sa nièce, relation substitutionelle de celle qu'il aurait aimé avoir aussi bien en tant que mari que en tant que père, ça aurait pu virer au malsain d'ailleurs mais on aurait été dans un autre type de film. On a donc notre quatuor, on a les relations qui sont à peu près fixés :
- Héros est toujours sur son ex', voit sa nièce.
- Son ex' ne sait que choisir mais est très complice avec sa fille.
- Frère voudrait aimer son frère mais aimerait bien le voir dégager, aime sa femme et la fille de celle-ci
- La nièce aime beaucoup sa mère, semble distante du frère, apprécie beaucoup son oncle.
Après avoir vu le film vous pourrez vous interroger sur ces acteurs qu'on inclut pas dans un premier comptage : les robots. Qualifiés d'objets par réflexe, ils sont des protagonistes de second plan pourtant diablement important, presque seule compagnie du héros, il y a ce besoin d'affection, d'émotion, la palette émotive, les blocages psychologiques qui sont bien pensés. Finalement le film soulève plein de problèmes au départ mais n'arrive pas à amener un vrai enjeux, centrant son propos sur les sentiments, il ne rentre donc pas dans la catégorie de ces films de science fiction qui dérange mais plutôt de ces films intelligents qui se termine sur un coucher de soleil.
En tout cas moi ça m'a parlé.
Pourtant je ne maîtrise pas l'espagnol.
Ps : SPOIL Mais tout de même il faudrait éviter de se foutre de la gueule du peuple, au bout de 10 ans tout le problème de la croissance de l'enfant, de son interaction avec les autres enfants, les questions de l'entourage, les formalités administratives font que cela paraît totalement impossible.
PPS : SPOIL Pas la peine de l'appeler Eve bordel, sinon c'est grillé à 20 000 km.