"Tu n'as pas de défaut.. Pourtant, ça t'irait bien"

J'ai eu le gros avantage de regarder "Everything, everything" en n'en attendant rien du tout. Il fait partie de ces films que j'ai regardé sans conviction, sans hype. En réalité, ma seule motivation était Nick Robinson. Il fallait que je regarde ce film pour la simple et bonne raison que j'avais vu tous les films (bon, il n'y en avait que quatre) avec cet acteur que je trouve ultra prometteur et que j'estime être l'un des meilleurs de sa génération, et donc ce dernier film était le seul que je n'avais pas encore vu.. Mais en effet, ce film ne me tentait pas plus que ça. Je l'attendais juste comme un vulgaire teen movie d'amour banal comme on nous en sert à toutes les sauces aujourd'hui.

Avais-je raison ? Oui et non. Je dirais même plutôt non en fait. Il y a un peu de ça, mais pas totalement. On va dire que c'est un teen movie d'amour à la con, mais en un peu mieux.

Je m'explique. Les caractéristiques habituelles de ce genre de film de plus en plus répandu sont bel et bien présentes, c'est indéniable. La façon dont les deux tourtereaux tombent amoureux l'un de l'autre, c'est ultra rapide, un petit sourire digne des pubs freedent (oh le placement de produit !) et hop le tour est joué.. Non, franchement, ça va beaucoup trop vite à tel point qu'on a l'impression que les deux tombent amoureux l'un de l'autre sans raison.. Vous me direz, c'est le principe d'un coup de foudre.. OUI MAIS NON. C'est trop facile. Si on prend cet argument moi aussi je vais vous écrire un film d'amour en 3 minutes, faut pas déconner. Mais surtout, autre caractéristique typique : les clichés. Ben oui, on prend une fille malade et recluse depuis toujours mais qui se sente pas spécialement hyper triste/mal, et qui en plus est plutôt mignonne. Le voisin qui emménage et tombe amoureux en un regard, comme par hasard, il ne parle pas aux autres filles et personne n'en tombe amoureux alors que COMME DE PAR HASARD c'est un putain de beau gosse (discrimination des acteurs moches pour les teen movies d'amour, c'est sûr qu'ils prendront jamais Adam Driver).. Puis des clichés de ce genre de film, on en aura quelques uns, je ne vous gâche pas la surprise, voyez par vous-même. Enfin bref, je dois avouer que ce tout début de film est assez cliché et improbable, et surtout pas assez développé..

Cependant, il faut avouer que les qualités sont présentes. Tout d'abord, il y a de vraies bonnes idées de mise en scène et de réalisation, ce qui fait plaisir à voir, même les teen movies parviennent à se renouveler, ça donne de l'espoir. Par exemple, ce que j'ai trouvé absolument génial, c'est cette idée de "rencontre rêvée" où l'on voit les deux acteurs se parler en face à face, alors qu'en réalité les personnages se parlent par texto par obligation.. C'est très intelligent, et c'est un excellent moyen de palier au fait que 50 minutes de films où on voit des textos s'afficher à l'écran, ça aurait été sacrément casse-couilles. De plus, ça reflète très bien cette sensation que procure de nos jours l'amitié virtuelle.. Car en effet, maintenant, avec tous ces moyens de communication, on peut avoir des amis dits "virtuels", qu'on n'a jamais rencontré, tout en ayant la sensation de les côtoyer au quotidien tant on peut en être proche sur les réseaux sociaux (je sais de quoi je parle). Cette idée de mise en scène est vraiment géniale. Certes, il y a de moins bonnes idées, telles que le fait d'afficher par écrit les pensées des personnages durant une scène de dialogue, ce qui est ultra facile et fainéant, mais il y a vraiment de bonnes idées.
Le film a également d'autres qualités, ne serait-ce que la mignonitude de son histoire et de ses héros.. C'est con, mais dans un film d'amour c'est très important de savoir rendre ses personnages mignons et attachants. L'histoire paraît parfois peu originale et déjà vue, mais on reste accrochés du début à la fin car les héros, malgré leur naïveté apparente, sont touchants. C'est d'ailleurs un bon résumé de ce film : c'est parfois très naïf, mais jamais niais, et surtout plein de bons sentiments. Ce sentiment de "c'est mignon" est également renforcée par son duo d'acteurs.
Comme je le disais en intro, j'aime énormément Nick Robinson. il a vraiment un bel avenir si il continue sur cette lancée. J'admire le bonhomme, très mature pour son âge, autant dans son jeu d'acteur que dans son attitude hors-film (très peu de shows débiles, absent des réseaux sociaux, etc.. A 20 ans c'est rare). Si les films dans lesquels il joue ne sont pas tous superbes (il a quand même commencé avec une série à la con pour Disney Channel, puis "La 5e vague" est loin d'être fantastique), lui parvient toujours personnellement à s'en sortir en offrant une belle prestation, et c'est parfois lui qui rend le film vraiment bon en grande partie (The kings of summer, ou encore Being Charlie où il crève l'écran). Ici, ce n'est pas son meilleur rôle, mais son jeu est bon et sobre. Il joue un beau gosse sans trop en faire, il sait paraître ému sans surjouer, et il contribue à ne pas faire de ce film un vulgaire teen movie à la con. Il forme avec Amanda Stenberg, que je voyais pour la première fois, un remarquable duo, très attachant et très complice.
Cette histoire qui peut paraître simplette est aussi une belle petite représentation de ce que peut causer la solitude, l'attachement facile que ça peut provoquer, avec cette héroïne recluse depuis toujours qui tombe amoureuse du premier garçon qu'elle voit et est fortement attachée à son infirmière.. Elle côtoie très peu de monde, et s'attache donc très vite aux gens. C'est là aussi assez cohérent et intelligent, puisque très réaliste.

Puis arrive la fin du film.. Alalah, cette fin.. Juste, pourquoi ?! Cette fin, ce twist final, en toute honnêteté, n'est pas mauvais en soit, puisqu'il est plutôt réaliste dans le fond, et relativement cohérent. Ce n'est pas un twist qui me fait dire "non c'est impossible ça n'a aucun sens", cette fin a du sens et est relativement bien expliquée (brièvement, mais suffisamment). Je lui reproche juste de n'avoir rien à foutre là.. Ce n'est pas le genre de rebondissement que l'on attend d'un film comme celui-là. Ce n'est pas un film de Fincher, vous voyez.. C'est un film d'amour. Et j'ai vraiment la sensation que ce twist n'a rien à faire dans un film d'amour, ou en tous cas dans un film où presque chaque minute qui précédait ce twist se centrait sur l'histoire d'amour entre les deux héros. Si encore on nous laissait quelques petits indices et quelques scènes pour nous préparer à un éventuel twist de ce type, pourquoi pas ! Mais là, on a 1H15 de film où on se fout de ça et on nous montre quasi exclusivement une histoire d'amour, et on vient nous claquer ça.. Sauf qu'on s'en fout. Au final, ce twist, même si il m'a surpris, ne m'a même pas touché, puisque le film ne m'a pas préparé à ça, et je m'en tapais complètement, et c'est probablement le cas pour la plupart des spectateurs. Donc cette fin de film est réaliste et cohérente, certes, mais elle n'a juste rien à foutre là..

Toujours est-il que comme ce twist reste tout de même soigné et cohérent, il ne gâche pas le film. Il lui donne peut-être un tout petit peu moins d'intérêt, mais ne le gâche pas. Les qualités sont présentes. Les défauts habituels, surtout liés aux clichés du genre, l'empêchent d'être un chef-d'œuvre, mais n'empêchent pas "Everything, everything" d'être un film plus que correct, surtout pour ceux qui, comme moi, n'en attendent pas grand chose.