L'histoire de Maddy, atteinte d'immunodéficience innée, qui a vécue dans une bulle d'air filtré pendant 17 ans, protégée par sa maman médecin et son infirmière à domicile. Maddy rêve d'océan, de nature, d'odeurs et de soleil. Elle rêve de toucher et d'être touché. N'ayant jamais connu d'autres héros que ceux des livres qu'elle lit, elle est troublée par l'arrivée de la nouvelle famille voisine, et particulièrement de leur fils Olly. Olly est jeune, il s'habille en noir, il est sombre, mystérieux, ténébreux, il a les cheveux longs et fait du skate board, autant vous dire que Maddy tombe instantanément amoureuse.
Je pense que l'adaptation du livre vers le film est passée à côté d'un des messages les plus forts du film, à savoir la rencontre de ces deux électrons libres que sont Maddy et Olly. Lui a déménagé 15 fois, elle elle n'a pas quitté la Californie du sud. Lui adore « Sa majesté des mouches » alors que le livre préféré de Maddy est « Le Petit Prince », autant vous dire qu'on ne peut pas mieux opposé le pessimisme de l'un à l'optimisme de l'autre. Elle a été aimé et surprotégé toute sa vie alors qu'Olly est battu par son père. Toutes ces différences nourrissent la Maddy du roman mais ne semble pas effleurer celle du film. Le film passe aussi à côté des remises en question que le livre offre à ses lecteurs sur le contrôle de soi, le conflit interne qu'il peut y avoir entre le cerveau et le cœur. D'ailleurs le livre est clair, Maddy a le cœur brisé. Cette jeune adulte a ses organes, sa peau et tout ce qui a de vivant chez elle qui se meurt, mais c'est l'amour qui risque de la tuer. Le film passe au travers et nous offre une histoire plus guimauve que réaliste alors qu'on s'attend, non pas au premier amour d'une fille qui n'a jamais rien connu, mais à son premier cœur brisé, ses premières larmes, sa première souffrance, son premier hurlement de désespoir.
D'un autre côté, si l'aspect psychique échappe à cette adaptation, de belles trouvailles symboliques et burlesques viennent ponctuer les échanges virtuels des deux tourtereaux. Les conversations en ligne, réputées anti-cinégénique au possible, prennent ici la forme de rencontres dans un espace imaginaire, un peu comme Hideo Nakata a fait dans son poignant « Chatroom ».
Je pense que la cible des 12-18 ans apprécieront ce film aux couleurs poétiques et à la lumière enchanteresse pour ce qu'il est, un conte moderne où le prince vient délivrer la princesse. Car même si Olly s'en défend explicitement, il est le prince charmant. En plus d'être beau, intelligent et cultivé, il n'a aucun défaut. Pas une seule fois dans le film il ne fait une connerie, pas une seule fois il met plus de 5 minutes à répondre à un texto, il n'est jamais en retard à un rendez-vous, ne porte aucun jugement, ne porte pas de tong en ville, et surtout il aime Maddy pour ce qu'elle est, comme elle est et ne manque jamais une occasion de lui dire qu'elle est drôle, intelligente et belle. Dans cet ordre. C'est presque à ce demander s'il est réel. Et s'il existe, Maddy n'a aucune raison de rester dans sa bulle, elle échangerai bien sa vie entière enfermée contre une seule journée de liberté avec lui.
Car c'est bien de ça dont il est question, de prendre des risques. Sans être un franchement bon film, c'est une jolie fable presque irréelle, qui nous ouvre les yeux sur le fait que ce qui compte, ce n'est pas que le petit prince soit mort, c'est que c'était le prix à payer pour qu'il soit avec sa rose.