L'adaptation en superproduction d'un des meilleurs Musicals d'Andrew Lloyd Webber.
Alan Parker, dont les qualités de metteur en scène sont indiscutables, avait pourtant dans sa filmographie de nombreux films musicaux réussis (The Wall, Fame, The Commitments), mais il s'agissait d'univers Pop-Rock.
Certes, la direction d'acteurs est parfaite (Madonna se donne et livre sa meilleure performance d'actrice, avec Snake eyes de Ferrera et Dick Tracy).
Certes, l' arrangement pour grand orchestre de la partition originale est très beau, même si, vocalement, et malgré le travail qu'elle a accompli pour pouvoir le chanter, Madonna était loin d'être l'interprète idéale d'un rôle duquel Patti LuPone, qui le donna à Broadway pendant des années, disait qu'il était le plus difficile de sa carrière. Don't cry for me Argentina est pris un ton en dessous de l'original, c'est dèjà un peu gênant, mais quand A new Argentina, un des chants les plus puissants du spectacle est pris UNE QUARTE en dessous car la Ciccone ne peut pas assurer la tessiture, là, le chant prend du gros plomb dans l'aile, même si le choeur seul en reprend un bout un peu plus haut à la fin pour y redonner un peu de son élan initial.
Certes il y a quelques jolis pas de tango, des milliers de figurants, costumes et décors.
Mais que voit-on surtout ? L'Argentine des années 40, soit des défilés de militaires et de bureaucrates : complètement anti-cinégénique. Au lieu d'un film, on assiste à un énorme clip-vidéo sans la moindre fantaisie. Pou réussir cette adaptation, il aurait fallu un plus petit budget, mais avec du burlesque, du déjanté, de l'ironie tel qu'il y en avait dans le spectacle original, d'après les extraits que j'ai pu en voir, où le côté fourbe du personnage et de son mari n'était pas caché. Il s'agit quand même de la femme d'un dictateur dont la charité servait à faire passer la pilule au peuple ignorant qui la considérait comme une sorte de sainte. Au final, on sert un film flamboyant à ce personnage, avec un point de vue très neutre.