Véritable bastillon anarchiste autogéré, le quartier athénien d’Exarcheia est aujourd’hui un lieu de vie mythique qui s'est rendu célèbre dans la résistance aux généraux de la dictature dans les années 1970 puis plus récemment en 2008 par les émeutes qui ont ébranlés la Grèce. Ses murs abritent une grande partie de la contre-culture grecque et sont devenus, avec le temps et grâce aux graffitis, un support d’expression important pour la jeunesse. Mais dans un contexte très dur de crise économique, Exarcheia, sorte de « paradis perdu », s’est surtout muée en refuge, tant pour les Athéniens que pour les migrants.
Armée d’une caméra et d’un micro, et le temps d’une seule nuit, Nadine Gomez se faufile à l’intérieur-même du quartier et part à la rencontre de ses habitants. Vagabondant ainsi, entre coïncidences et effets de mise en scène, la jeune réalisatrice affiche d’entrée son intérêt pour la parole et dresse un portrait poétique d’Exarcheia. Elle semble alors insuffler au réel un aspect dramatique très fort et replace par la même occasion toute la grandeur du théâtre au cœur d’Athènes.
« D’Exarcheia, les dieux se sont échappés » nous dit l’un des habitants. Peu importe pour la réalisatrice qui semble trouver la beauté ailleurs. A la question « qui sommes-nous ? » que chacun se pose, le film répond simplement « des êtres humains ».