Un sujet passionnant, qui aurait selon moi mérité un meilleur traitement. Car, à discuter avec certains, le sort des femmes et enfants de djihadistes partis en Syrie est réglé d'avance : le monde est binaire, il y a ceux de Daesh, et il y a nous ; tous ceux qui sont assimilés de près ou de loin à l'ennemi sont sortis du rang de l'humanité, et il devient hors de question d'accepter leur retour.
Le film, et c'est son principal mérite, parvient à offrir une vision plus nuancée de ce phénomène, celui du départ d'individus pour les terres de l'Etat islamique, de leurs désillusions, puis de leur désir de retour en France. Vision plus nuancée, mais a minima, et c'est bien là le problème principal du long-métrage : tout manque de profondeur, de subtilité, tout est survolé.
Le choix scénaristique aurait pu constituer en une mise en lumière de l'expérience de cette femme qui rejoint l'armée de Daesh, aveuglée par une vision décalée de ce que représente ce groupe, qui réalise peu à peu le piège totalitaire dans lequel elle vient de tomber, et qui cherche désespérément à revenir en France. Or, le film fait le choix de n'évoquer que de manière assez superficielle cet aspect. Dommage, surtout que l'autre partie de l'histoire, que l'on suit en parallèle, à savoir celle du mari de cette femme qui cherche à la retrouver, n'est pas beaucoup mieux traitée ; mais sans doute le désarroi de ce père et mari est-il assez bien retranscrit à l'écran.
L'autre grand problème du film réside dans quelque chose qui touche au jeu de certains acteurs, mais aussi aux dialogues, assez mal écrits - et donc assez mal interprétés -, lourds, attendus, mécaniques. On n'y croit pas, et on a l'impression de regarder un mauvais téléfilm français. Les acteurs récitent mal des textes mal écrits. Les passages en arabes sauvent le tout - sans que, n'étant pas arabophone, je ne sache si cela vient d'une meilleure écriture ou simplement du fait qu'on réalise plus difficilement les mauvais jeux et les mauvais dialogues quand ils sont en langue étrangère).
Les personnages sont, de façon générale, mal écrits, en particulier pour la partie française de l'histoire. Ils sont caricaturaux, plats, dénués de profondeur, et font ce qu'on attend du cliché qu'ils représentent. La réalisation est correcte, bien que l'instabilité constante de la caméra soit parfois un peu rebutante, et qu'aucun risque ne soit jamais pris. Cela donne au tout l'aspect d'une sorte de service minimum, une fadeur difficile à critiquer formellement. Mention tout de même pour l'exfiltration en elle-même, à la fin du film, assez intense et plutôt bien menée.
Un autre point positif : la photographie, signée par Thomas Bataille. Plusieurs scènes se montrent en effet très appréciables sur le plan esthétique, avec un bon étalonnage et une belle colorimétrie.