Poursuivant mon exploration du cinéma de Richard Griffin, avec sa muse Sarah Nicklin, via sa société Scorpio Films Releasing, il était temps de passer à Exhumed, film vivement conseillé à la fois par son actrice et son réalisateur. Une œuvre dont ils semblent particulièrement fiers. Une œuvre au final très éloignée de leurs précédents métrages tels que Nun of That, Atomic Brain Invasion et The Disco Exorcist. À l’opposé même l’on pourrait dire. Car Exhumed est un film sérieux, dans lequel l’humour n’a aucunement sa place. Tourné sur 10 jours pour 20 000 dollars avec l’équipe habituelle de Richard Griffin devant (Sarah Nicklin, Michael Reed, Michael Thurber) et derrière la caméra (Daniel Hildreth à la musique, J. Poisson à la technique), Exhumed est tout simplement un petit bijou. Hommage certain aux films de la Hammer, Exhumed est un huis clos ! Il se déroule quasi intégralement à l’intérieur d’une maison (à deux/trois scènes près), se focalise sur un nombre restreint de personnages, se fait sobre, et préfère jouer sur l’ambiance et l’attente plutôt que les délires en tout genre. On pourrait même rapprocher Exhumed d’un drame plus que d’un film d’horreur. Un drame exigeant, puisque se déroulant en huit clos, dans un sublime noir et blanc, et puisqu’il aborde un rythme lent propice à poser une ambiance lourde, et souvent mélancolique.
Nous y suivons donc une famille « presque » normale qui ne quitte oh grand jamais leur maison. Pourquoi ? Comment font-ils ? Il va falloir voir le film pour comprendre, sans pour autant plonger dans d’interminables dialogues explicatifs. Il y a donc la maîtresse de la maison, jouée par Debbie Rochon, scream queen bien connue des amateurs dont la carrière se fera remarquer lorsqu’elle tournera chez Troma, notamment avec Tromeo & Juliet en 1996, puis Terror Firmer et Toxic Avenger 4. À ses côtés, les habitués donc, avec Sarah Nicklin, Michael Reed, Michael Thurber, Rich Tretheway (dans un rôle bien plus sérieux que le travesti dans Nun of That), mais aussi une petite nouvelle avec Evalena Marie. Et lorsque l’on apprend que le casting gagna un prix en festival pour l’ensemble de leur prestation, cela n’a rien de surprenant. Car ils sont tous exceptionnels, heureusement d’ailleurs, pour un film se basant avant tout sur leur psychologie, et la relation qu’ils ont les uns envers les autres. Car malgré oui, quelques moments sanglants (mais discrets et réalistes), Exhumed nous parle bien d’un drame, un drame familial, une famille qui ne fonctionne plus et dont chaque engrenage n’attend qu’à exploser. En cela, le personnage de Chris, joué par Michael Reed, est bel et bien l’élément déclencheur, l’élément extérieur à cette famille qui va débarquer, à la recherche d’une chambre, et qui va faire chuter les derniers piliers faisant tenir cette famille debout.
Sa relation avec Laura (Sarah Nicklin) sera un des gros points forts du métrage d’ailleurs. Les deux livrent une interprétation très solide propice à faire ressortir l’émotion, et permet de développer le personnage de Laura vers une dimension dramatique qui ne quittera plus le métrage. Et bien entendu, leur relation ne sera pas forcément vu d’un bon œil, notamment par la maîtresse de maison, jouée par Debbie Rochon. Si son personnage va se durcir, et donc devenir plus amer et froid envers les autres, l’obligeant à faire des choix drastiques, Laura elle va en quelque sorte se refermer sur elle-même pour échapper au monde qui l’entoure, persuadée d’avoir enfin trouvé ce qui pourra la rendre heureuse. Sans se douter bien entendu que tout cela ne peut amener qu’à une seule conclusion : la destruction totale de la cellule familiale, et donc pour Laura, sa propre destruction. Malin dans son texte et extrêmement bien écrit, Exhumed fonctionne grâce au talent de ses acteurs, mais également grâce à une technique affutée. Avec un budget plus que restreint, l’équipe se débrouille pour nous fournir des plans sublimes, baignant dans un noir et blanc très travaillé, dans un formidable format 2.35. Sans oublier un score musical certes un poil répétitif mais convenant finalement parfaitement aux scènes qu’il illustre. Et le tout combiné parvient à nous offrir au final une petite pépite, et pour couronner le tout, un final sombre extrêmement triste et réussi, et donc marquant ! Exhumed, je conseille vivement vous l’avez compris.
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