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Extase
6.6
Extase

Film de Gustav Machatý (1933)

Si c’est avec Erotikon (1929) que le Gustav Machaty impose des thématiques et une esthétique qui se retrouveront dans la plupart de ses œuvres et qui feront de lui le représentant du cinéma tchèque d’avant-garde, il doit à Extáze (1933) sa notoriété relative, puisqu’il demeure aujourd’hui un réalisateur méconnu. Nous percevons aisément l’inspiration exercée par des cinéastes français comme Jean Epstein ou Abel Gance, surtout en ce qui concerne la captation de corps dont les mouvements se voient raccordés à ceux des machines qui définissent la modernité industrielle. Nul hasard, par conséquent, si le train représente la marche d’un destin qui blesse et écrase tout sur son passage : la clausule retranscrit fort bien, par un sens du montage, le rythme insoutenable du travail qui mime les battements du cœur des amants soucieux de vivre librement.


Le choix des prénoms bibliques Eva et Adam insiste sur la transgression opérée par le long métrage qui se plaît à partir d’une situation archaïque, soit le mariage entre une jeune femme naïve et un vieil homme obsédé par l’ordre, pour mieux dénoncer une société qui atrophie le désir féminin. Nul hasard si la séquence de baignade, anti-baptême puisque l’héroïne y dévoile sa nudité séduisante – nous retrouvions d’ailleurs l’inversion de la dimension sacrée de l’eau dans Erotikon, avec ce plan sur le séducteur prenant sa douche –, est interrompue par la fougue d’un cheval qui prend la fuite pour retrouver sa moitié, traduction des pulsions sexuelles qui animent Eva et qui s’exprimeront lorsqu’elle fera la rencontre d’Adam.


La façon qu’a le réalisateur de capter les corps de très près, qu’il s’agisse des visages, de l’orgasme suggéré de la jeune femme ou des travailleurs sur le chantier ferroviaire, offre au spectateur une « symphonie de la vie » (premier titre du projet) et des sens croisant l’humain et l’inhumain non sans une certaine lourdeur d’exécution. La puissance esthétique et suggestive d’Erotikon se perd en démonstrations et en longueurs inutiles. Reste une œuvre importante qui a révélé l’actrice Hedy Lamarr.

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le 30 avr. 2022

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