J'ai bien lu les critiques négatives sur ce film.
On lui reproche une fadeur, un manque de style ou encore de s'éparpiller. On lui reproche de taper dans ce qui marche de nos jours. Voire son aspect arty (que je démens formellement car, à mon sens, c'est de l'anti Araki-Dolan au centimètre carré, mais bon il y a une certaine mode auteuriste qui incite à tout mettre dans le même sac).
Premièrement, pourquoi styliser ce qui n'a pas besoin de l'être ? Il faut une certaine poussée, une nécessité, pour affronter la gratuité et la vacuité. Or, il me semble que la réalisatrice est poussée par la direction d'actrices et d'acteurs et qu'elle a saisi ce qu'il y avait à saisir, avec une sensibilité rare de surcroît - sensibilité sur l'amour, sur le portrait, sur la jeunesse actuelle. La réalisatrice fait le travail. Et il n'a pas besoin de faire de l'exception pour être exceptionnel.
Le principe d'un travail d'étude est de faire toujours plus, de sorte que ce travail donne lieu à un projet plus élaboré. En ce qui me concerne, le récit très elliptique nous donne à voir des sentiments entre les lignes et des soirées pour décompresser.
Le coeur bat en moyenne 100 000 fois par jour. Une centaine de fois par jour, il rate une marche. Il trébuche. Puis il va compenser par une contraction prématurée, plus forte que les autres, une remise à niveau en somme. Pour retrouver le sens de la marche.
Pour décompresser entre les fulgurances, Alice Douard choisit de filmer de multiples décalages, des décalages humains, temporels, qu'on finit toujours par comprendre. Et il semblerait que l'être se forge dans ce genre de réaction en chaîne, multipliée par les apparences et les désaveux sentimentaux.
Peut-être qu'il vogue sur une mode, ce film, mode que je déteste en passant, mais il m'a surpris bien des fois, à bien des moments.
(Et puis y'a Joao César Monteiro dedans mais chut chut)
La réalisatrice s'explique (et si certains sont incapables de voir la différence entre un truc arty boboïde et cette oeuvre, on pourra en discuter...) : http://vimeo.com/85508026
La métamorphose, Stephan Zweig, les rapports dominants-dominés équivoques... Je ne sais pas pour vous mais c'est plutôt un univers intéressant et prometteur.