Accusé d'un vol de merguez, elle le décapite à coups de parpaing
Cette accumulation clinique de Marcel Patulacci sifflant "Dans l'Antre du Roi de la montagne" me laisse plus que perplexe dans la mesure où, sans la présence d'un commentaire adapté, d'une prise de conscience ou de je ne sais quoi de focale interne, le film est laissé à la conscience du spectateur... Il manque quelque chose pour ne pas tomber dans les sentiers battus et dans les préjugés.
Alors bien sûr, le fait que ce soit une certaine réalité, le fait que ce soit au-delà de la fiction renforce les choses mais... quelles choses ? Je ne peux guère saluer une oeuvre qui non seulement ne m'a pas surpris mais qui est également dépourvue d'humanité sous le gravat des grades.
A ce titre, Faits Divers, c'est le "Entre les murs" de la police. Ceux qui ont adoré "Entre les murs" en surfant sur la légitimation de la récompense cannoise adoreront "Faits Divers" et vice-versa. Ben, je pense que c'est oublier, au-delà du sans-surprise, pleins de questions et c'est conforter certaines opinions réactionnaires et inhumaines. C'est toute la misère de ce film. Fait Divers est un film faussement anarchique qui donne matière à commenter pour tous les sécuritaires de France et de Navarre, de gauche comme de droite.
L'absence de ressenti des policiers me sidère. Il semble que ça leur passe au-dessus ou, au contraire, plus c'est grave, plus il y a de l'action... Comme s'ils se nourrissaient de la misère et des injustices tandis qu'ils ne se préoccupent pas de certains cas. Dans ce film, c'est assez clair : toutes les affaires ne sont pas égales entre elles, il y a une hiérarchie des plaintes et des souffrances. Sans doute est-ce là l'idée que cette police-là se fait de la société dans laquelle elle vit : une somme complexe de priorités plus ou moins urgentes.
Je ne demandais pas Confession Intime ni un reportage d'Enquête Exclusive mais un Strip-Tease d'uniforme qui mette en relief les missions de la police, leurs impacts, les limites, les perceptions de ces missions dans la population, l'avenir de ces missions... Bref, quelque chose de plus complet que le feuilletage peu lucide et froid d'un Détective.
On est ici dans la même approche que Depardon avait réservé dans le cadre d'Urgences... sauf que là, des valeurs morales et sociales sont présupposées ; on parle nécessairement d'ordre, de justice, de protection, de service public... et l'éternelle innocence de Depardon me paraît être une déception permanente.