Catalogué à tort dans la classe moyenne des Teen-Movie Musicaux des années 80, dont Flashdance et Footloose sont des représentants bien plus dignes, Fame s'avère être un film bien plus fouillé qu'un simple produit destiné à faire vendre des disques.
Loin de s'essayer à l'esthétique clipesque en vogue en ce début de décennie, Parker détourne les codes du film musical pour nous offrir un drame choral assez intimiste. On ne donne pas ici la part belle aux numéros musicaux, on préfère s'attarder sur nos apprentis saltimbanques et leurs propres démons. Parker dirige habilement ses jeunes acteurs, et si ces jeunes adultes ont tendance à agacer, c'est plus par leur écriture que par leurs performances. Le tour de force de Parker est fort audacieux, le voyage initiatique est éprouvant sur le plan émotionnel même s'il a la fâcheuse tendance à tirer en longueur. Mais Fame n'est pas là pour vendre du rêve à son public d'adolescents, il dépeint l'apprentissage du monde du spectacle sans concession, où les talents sont aussi là pour apprendre à faire face aux échecs et aux refus. Christopher Gore abat un travail de titan, en offrant à chaque personnage une véritable résonance et ne cantonnant pas aux élèves, mais s'attardant aussi sur les professeurs, et les parents de ses artistes en herbe.
Nous ne sommes pas dans une comédie musicale, mais dans un film ancré dans une dure réalité, et Michael Seresin soutient le parti pris du réalisateur éclairant cette école de prestige complètement délabrée sans fioritures et toute en finesse, loin des shows spectaculaires des codes Hollywodien de la comédie musicale. Ainsi le métrage ne sombre jamais la mièvrerie capillotractée, et chaque performance sonne juste.
Fame tient, dans l'inconscient collectif, son statut de comédie musicale grâce à Michael Gore et sa bande originale relativement inégale mais très hétérogène, allant du tube disco-pop qu'on entend encore (Fame!) au final foisonnant d'inventivité inopportunément trop court: I Sing The Body Electric, qui variera les plaisirs pour tout mélomane féru de cette époque charnière, où Funk et Disco côtoie les balbutiements de la New Wave grand public.
Loin de l'image de comédie musicale sur des apprentis artistes qu'il renvoie, Fame s'avère un drame assez fort à la B.O. endiablée. Loin des paillettes et des numéros chorégraphies, on évolue dans une anarchie totale, à l'image du numéro de danse de la chanson titre, où chaque personnage et son égo a une importance capitale. Loin d'être parfait, mais proposant un traitement au teen-movie bien plus fouillé que le plupart des films s'inscrivant dans cette lignée.