Le XXIème siècle sera-t-il celui de la grande solitude ?

Ce texte fait partie du même groupe que le texte sur "Les Irremplaçables" et celui sur "La Vie sur Terre"/"La société du spectable". Originellement écrits dans mon carnet de bord, j'ai décidé de rendre ces petits textes publics. Profitez-en avant que je ne change d'avis et les supprime... Cet ensemble pourrait s'intituler : "Réflexions sur les maux contemporains et leurs solutions".

Le XXIème siècle sera-t-il celui de la grande solitude ?

Werner Herzog répondait déjà au siècle précédent par l’affirmative à cette question qu’il s’était posé lui-même.

La disparition d’idiomes provoquée en grande partie par un exode rural observé à toutes les latitudes, l’individualisme et l’institution de l’informatique au rang de pratique humaine fondamentale, au même titre que se loger se vêtir ou boire, ont probablement esseulé les hommes n’appartenant pas à une famille ou à des tissus sociaux fortement inclusifs. Les comédiens jouant les rôles de proches au sein de la société Family Romance mise en scène par Werner ont-ils une action bonne, au sens moral, sur les personnes auprès desquelles ils suscitent des sentiments humains tels que l’amitié, le rire ou la joie ? Probablement aussi.
Si cette entreprise peut paraître relever d’une science-fiction extraordinaire, le même lien unissant un travailleur rémunéré à des personnes passant en retour un bon moment et pouvant la payer est présent, entre autres, sur Twitch. Ce lien est-il moralement bon ? Probablement oui encore une fois.
La Boétie nous renseignait sur le fait que les tyrans n’étaient puissants que des mains que nous consentions à leur prêter. Si nous percevons comme tyran cette indifférence de tous les jours et envers presque tous, provoquant la solitude et la détresse de tant d’entre nous, quelle peut bien être la cause « nous » poussant à ne pas nous en insurger ? Car ce « nous » est une majorité et qu’une démocratie souffre de ce que Tocqueville nommait l’omnipotence de la majorité.
Les défauts de cette majorité semblent être l’individualisme et peut-être sa version la plus écœurante : l’incivisme. Pourquoi ce-dernier semble-t-il se répandre malgré les gaietés les intelligences et les gentillesses des gens géniaux que nous avons pu croiser ici ou là ?
Peut-être parce car l’effet d’inertie d’un monde où l’individualisme et l’incivisme se répandent tend à renforcer ces-derniers plutôt qu’à les atténuer.

Peut-être ?