On a tous un fantasme
On a tous un fantasme. Un amour impossible mais rêvé. Un espoir inachevé mais pas gâché. Ce moyen/long métrage parle de tout cela et le fait bien. Non ce n'est pas qu'un film You Tube. C'est une...
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le 15 janv. 2023
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Ça m'énerve. Parce que j'aime tous les gens sur ce projet, Éléonore Costes en tête, j'aime le sujet de l'expression des sentiments, certes classique mais est un terreau suffisamment fertile pour que chaque proposition soit subjective et un tant soit peu originale... Et c'est le cas, d'autant plus que le film a je trouve de vraies qualités : la photographie semble en adéquation avec le sujet, avec un côté pudique assez agréable et élégant (même si bien trop plate, j'y reviendrai plus tard); la musique, chose malheureusement beaucoup trop rare sur YouTube, sait se faire discrète tout en étant de qualité, les silences sont très bien dosés et permettent de laisser du temps aux émotions de se développer, et la direction d'acteurs le plus clair du temps nickel, Audrey Pirault en tête qui prouve encore qu'elle a du talent à revendre, bien que certains restent un peu dans leur zone de confort, genre Adrien Ménielle (ça n'enlève rien au fait que je l'aime, mais j'ai peur qu'il arrive au bout de son personnage de clown un peu immature).
Mais ce qui m'a complètement sorti du film et m'a donné plusieurs fois envie de l'arrêter, c'est les dialogues. Putain que tout semble forcé ! Les thèmes des discussions sont intéressants mais restent vus et revus, les situations sont didactiques, les textes ne contiennent jamais la moindre envolée, la caractérisation est pas du tout développée... Ce sont juste des thèmes placardés sans moindre mesure, même pas maquillés, les thèmes deviennent presque alors des discussions de comptoir. Rien que le choix des métaphores des caractères des personnages, visibles sur l'affiche, annonce la couleur : fantôme et astronaute, des figures déjà vus partout (en particulier A Ghost Story et Felicitá pour ne citer que des exemples récents bien connus de SensCritique)...
Et ce côté balourd à la demi-mesure inexistante pèse sur tout le film et le gâche : les personnages manquent de profondeur et sont tous justes fonctionnels, certains concepts sont hypra-alambiqués (je n'ai rien compris à l'histoire des réseaux sociaux, malgré ma bonne volonté et mes deux revisionnages), beaucoup de points d'intrigue sont flous alors que ça ne devrait pas être le cas pour une histoire à la construction si classique développée sur 52 minutes (comment as-t-elle pu se casser la jambe si elle s'est pris la voiture de face ? combien de temps reste-elle à l'hôpital ? pourquoi le conducteur semblant hyper lourdaud n'est pas simplement sorti de la chambre par le personnel hospitalier ?...), les quelques blagues ne semblent jamais naturelles et donc ne font pas rire, et le dialogue en dit toujours trop sur la situation, de peur de mal interpréter ce qui nous est montré (?)... Sans compter que la mise en scène, en étant découpé de manière très basique (soit la construction plan d'ensemble/champ-/contre-champ, soit un plan séquence) et prenant le parti de laisser se dérouler l'action ne créé jamais de profondeur même lorsque le besoin s'en ressent clairement. La première scène chez la sœur pouvait complètement le permettre : par des simples variations d'axe elles auraient pu accentuer, clarifier, créer du sens, des dilemmes, de comprendre que les deux sœurs aussi proches soient-elles ne peuvent pas se comprendre sur ce sujet... mais le champ/contre-champ reste le même. Sans compter qu'un film de dialogue, c'est de l'or massif pour s'adonner à cet exercice ! Mais la mise en scène reste ultra linéaire, dommage.
Évidemment que l'on peut aborder des thèmes qui nous sont chers, d'autant plus dans une démarche d'auteur comme celle où s'inscrit Éléonore Costes, qui a ici écrit et réalisé le film, mais ça va avec une vraie rigueur formelle. Ca me sidère qu'un film voulant parler de sentiments soit aussi mécanique et sonne en fin de compte si peu humain.
(sans compter le placement de sponsor le moins subtil de l'existence... Ok j'exagère mais c'était pas possible de cadrer et Audrey Pirault et la marque du vélo ?)
C'est chiant. J'ai l'air d'exploser sur ce petit film qui n'en mérite pas tant, mais cette satanée tendance de films avec des personnages déambulants dans l'existence ne s'exprimant que par les pensées intérieures de leur scénariste/réalisateur me gonfle. Il y en a tellement que c'est presque un courant à part entière. Quand c'est des étudiants qui le font dans le coin ok, on commence tous quelque part, mais quand on a de l'expérience dans le domaine de la fiction Internet comme l'a Éléonore Costes, qu'on est si bien entouré que visiblement personne ne se met en travers lorsque l'on propose un film de 52 minutes faits de discussions sur les sentiments (ce qui a en croire les remerciements du générique le projet était à la base bien moins ambitieux) c'est carrément dommage de rester sur un résultat aussi conventionnel. D'autant plus que c'est ce genre de gros projet qui inspire les plus jeunes à créer (dis comme ça ça fait vieux con mais c'est des pensées que je ressens moi-même).
Je me dis souvent de ce genre de films qu'ils ressemblent à la trilogie du Before de Linklatter. Ils en ont bien sûr pas l'ambition, mais il ne capte pas l'essentiel de ce qui fait la réussite de cette histoire : l'universalité du propos. Dit comme ça tout paraît simple, mais il y a matière à créer un propos universel avec à peu près chaque histoire, si tant est que l'on maîtrise nos personnages et tout ce qui les composent, avec leurs qualités, leurs défauts, leurs valeurs... On se fiche de qui ils sont et de se qu'ils peuvent être s'ils ne nous apparaissent pas, à nous
spectateurs, comme des êtres humains dont on puisse comprendre la psyché.
Mon ras-le-bol est ressorti sur ce film en particulier, c'est pas de chance, et désolé de ma virulence si quelqu'un lié au projet lit ce message le prend de travers, en me relisant à la recherche de fautes je me rends compte qu'on pourrait me prendre pour un prof de cinéma aigri en manque de tête à trancher. Mais autant faire preuve de franchise sur les œuvres dont on ne supporte pas les défauts, d'autant plus pour des courts-métrages issus d'Internet, dont on ne sort que trop peu les défauts du fait qu'on pense que les créateurs vont mal le prendre. Mais je pense que c'est en essayant d'être constructif avec les créateurs que ceux-ci peuvent s'améliorer. Donc ouais, autant le faire avec un projet que je voudrais aimer car fait par des gens dont j'aime le travail et où je veux simplement voir qu'ils s'améliorent, d'autant que je sais qu'ils en ont les capacités. Éléonore Costes a du talent, mais encore faut-il le canaliser pour exposer toute la force de ses propositions et que sa parole mette tout le monde d'accord.
Créée
le 4 janv. 2021
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