Une histoire de vengeance, qui pose la question de la peine, et du pardon.
Dwayne Johnson joue un homme revenu d'entre les morts, décidé à se venger de ceux qui ont tué son frère et l'ont laissé pour mort.
Les premières cibles sont faciles; peu à peu, acceptant l'idée de la mort, elles font pénétrer le tueur dans la vie qu'ils ont construite depuis leur méfait.
D'abord, se pose la question de la légitimité de la vengeance, dans le dialogue avec le fils du videur de boîte de nuit: la vengeance est-elle viable? C'est un cercle vicieux; quand on y entre, il faut se préparer à ne pas en ressortir vivant. Le personnage principal lui-même, au moment où il décide de s'engager dans la spirale de la vengeance, doit se résigner à tout abandonner (le fait que sa femme ait refait sa vie sonne comme l'avertissement qu'aucun retour en arrière n'est possible). C'est ce qui rend décevante la survie de celui-ci (que va-t-il faire après le film? Quel intérêt scénaristique dans sa survie? Quel sens?), puisqu'il était revenu parmi les vivants uniquement pour cette vengeance. C'est ce qui peut aussi expliquer un petit sentiment de déception, lorsqu'il épargne le pasteur. S'il est revenu uniquement pour se venger, il aurait pu le tuer, tout en le pardonnant: issue plus complexe, mais plus intéressante, car laissant cohabiter deux logiques qui peuvent apparaître contradictoires dans un premier temps, mais qui ne le sont pas (il aurait tué le pasteur, pour tenir sa promesse, donc sans forcément de colère, tout en lui ayant pardonné ses actes, ce qui laisse subsister la progression morale du personnage).
Ensuite, se pose la question de la rédemption et du pardon, avec le pasteur: les bienfaits commis après le crime peuvent-ils faire pardonner celui-ci? Doit-on quand même être punis?
Le film pose donc des questions intéressantes sur la justice.
Il y a le personnage de flic, qui me rappelle celui de Colin Farell dans
la saison 2 de True detective, ce personnage de père un peu raté qui tente, tant bien que mal, d'éduquer un fils qui semble avoir payé pour ses péchés.
Le troisième personnage est aussi intéressant dans sa puérilité; son face à face avec la force pure du personnage de Dwayne Johnson, met en lumière le contraste entre le complexe du tueur à gage et l'équilibre mental du vengeur.
Probablement un peu long, Faster offre de bonnes séquences d'action, un trio d'acteurs principaux sympathiques, des personnages intéressants On est un peu déçu par moment, mais les questions posées sont intéressantes, enrobant un film nerveux, bien construit, bien joué. On se pose des questions sur la justice, articulées autour d'un scénario violent, avec une esthétique à mi-chemin entre le polar et le western: un film qui laisse songeur sur ces questions.