Woah, les beaux combats... Mais où est Archer ?

Fate/stay night : Heaven's Feel - I.Presage Flower (Dieu, que ce nom est long à taper) est, de toute évidence, un film qui n'est pas destiné à tout le monde, mais uniquement à un public somme toute très restreint : celui des fans de Fate. Non que le film soit d'une incompréhensible profondeur en lui-même, loin de là. En fait le problème, c'est que Heaven's Feel possède exactement les mêmes défauts que les séries Fate du studio Ufotable qui l'ont précédées : il faut tout connaître avant même de commencer l'histoire. Si tu veux regarder un Fate et découvrir l'histoire en même temps, je n'ai qu'une chose à te dire : "demande à quelqu'un d'au moins d'expliquer le principe". Les servants, les masters, les noble phantasms, tout ça doit être acquis avant même de commencer. Et Heaven's Feel pousse de ce côté-là le vice assez loin, car il va jusqu'à considérer que si tu le regardes, c'est que tu as déjà vu Fate/stay night : Unlimited Blade Work. Aucun élément (ou presque) déjà expliqué dans Unlimited Blade Work ne sera réexpliqué dans Heaven's Feel, à aucun moment ; il fallait réviser la leçon, tant pis pour vous. Mine de rien, il y a des moments où c'est frustrant. D'ailleurs, puisque le film fait ainsi, je vais moi-même considérer que si vous lisez cette critique, c'est que vous avez vu au moins Fate/zero et Fate/stay night Unlimited Blade Work.
L'autre grand défaut que Heaven's Feel partage avec les autres Fate, c'est que le début est scandaleusement long ; l'histoire se met en place avec une lenteur déconcertante. Il y a une nette amélioration par rapport aux interminables deux premiers épisodes de ubw, mais tout de même, on a droit à une looooongue demi-heure preque uniquement dédiée au rapport entre Sakura et Shirou avant que l'histoire ne commence réellement.
Une fois la demi-heure lente finie, on peut légitimement s'attendre à ce que le rythme s'intensifie. Et certes, les choses vont plus vite, mais c'est tout de même déconcertant : d'un coup, et sans transition, on passe de la première mort de Shirou au combat contre Berserker, parce que le film s'est rappelé qu'on était déjà au quart du temps et qu'il restait mine de rien pas mal d'histoire à raconter. Quand je vous disais que le film considère que vous avez déjà vu ubw et que vous connaissez tout sur l'univers de Fate...

Mais une fois passé ces défauts propres à tous les Fate, l'histoire devient vraiment intéressante. Les combats sont magnifiquement animés et génialement chorégraphiés. D'ailleurs, il n'y a pas que les combats qui sont bien animés, car le studio ufotable a décidé pour ce film de ne pas améliorer l'animation seulement pour les combats mais aussi pour les moments plus calmes. Ainsi, Illyasviel a du à elle-seule bouffer 10% du budget animation tant elle bouge sans cesse et tant ses mouvements sont fluides. Mais si l'animation est passée un cran au-dessus, l'usage de la 3D s'est aussi intensifié, à tel point qu'il y a des moments où ça devient réellement flagrant : on voit parfaitement que tout est animé en 3D et que seuls les personnages sont dessinés de manière plus "traditionnelle". Je pense que le moment où c'est le plus choquant est notamment la scène de combat sur le camion transportant des voitures. On n'atteint pas le niveau de Berserk 2016, loin de là, mais il faut tout de même reconnaitre que japanimation et 3D ne font pas bon ménage. Après, les scènes de combat, grand atout des séries Fate, restent de toute beauté et ne déçoivent pas. Tant mieux, d'ailleurs, car les affrontements sont multiples ; au moins cinq me reviennent en tête, répartis sur une heure et demi (le film dure en réalité deux heures, mais la première demi-heure ne compte pas), ce qui fait tout de même presque un par quart-d'heure. Certains dans le lot se distinguent particulièrement par leur rythme et leur mise en scène.

Cependant, dans tous ces combats, on constate un grand absent : Archer. En effet, si la grande qualité de Heaven's Feel est de donner enfin à Sakura l'importance qu'elle mérite, cela se fait au détriment du temps d'écran d'Archer. Je crois qu'on ne doit pas le voir plus de trois minutes en tout dans le film. On ne le voit même pas dans le combat de Saber contre Berserker, c'est dire. Et cette absence est vraiment dommage, car Archer est indubitablement un personnage surpuissant. Le reléguer ainsi à un rôle aussi secondaire en est décevant. Et pourtant, dans le peu de ses actions que l'on voit, il combat aussi bien que le Archer que l'on a connu dans ubw. Alors pourquoi avoir tant perdu de temps dans la première demi-heure pour ensuite éclipser ainsi un personnage central.

En bref, Heaven's Feel est un Fate des studios Ufotable comme les autres. Ce qui le distingue vraiment et le place au-dessus des autres, ce sont ses graphismes. Mais cela ne suffit pas pour faire de Heaven's Feel le meilleur Fate, car il est encore surpassé par Fate/zero au niveau des personnages, qui n'avait pas ce défaut d'éclipser complètement certains personnages pour mettre en avant d'autres.
Après, peut-être que les autres films combleront cette lacune et que la trilogie Heaven's Feel pourra prétendre à devenir la meilleur production animée Fate.