C'est l'histoire d'un couple qui s'est peut être aimé un jour, ils ont eu un enfant, leur relation d'antan n'est plus qu'un souvenir et c'est donc au sein d'une situation familiale fracturée et conflictuelle que l'on se retrouve plongé. Le temps d'une introduction seulement, on partage brièvement le quotidien de l'enfant mal aimé qui ne sert que de prétexte à la dispute perpétuelle de ses géniteurs, invisible et inutile, il n'a pas le sentiment d'exister. Une scène simple et banale mais pourtant tellement percutante : celle d'un enfant qui cache ses sanglots en écoutant ses parents parler de lui comme d'un objet non désiré, un poids à traîner, une cause à leur malheur au fond. Derrière la porte, il entend tout mais il cache ses pleurs pour ne pas causer plus de tort.
Muré dans son silence, il subit jusqu'à n'en plus pouvoir cette indifférence et disparaît brutalement sans que l'on sache véritablement pourquoi.


Suite à cette disparition et après nous avoir brossé un portrait de parents antipathiques dont l’égoïsme est à son paroxysme, on découvre finalement une nouvelle facette de chacun d'eux au travers de leur relation avec leur moitié respective. Une femme moins agressive et froide, un homme plus présent, plus à l'écoute mais ils ne l'ont pas été en tant que parents pour leur enfant, faute d'amour il a disparu. Et au travers de cette disparition qu'il finira par exister pour ses parents.


Le long métrage ne se contente pas d'être une simple enquête à suspens dont la finalité serait de savoir ce qui est arrivé à l'enfant et qui en sont les fautifs, c'est un portrait de l'humain dans sa globalité qui est exposé ici.
Au travers d'une belle photographie qui offre des plans sublimes et mystérieux en extérieur au fil des saisons et du temps qui passe, ce sont les différentes couches qui composent la société qui sont mises à mal.
Une police inutile pieds et poings liés par l'administration qui oblige les citoyens à pallier eux même le problème des recherches liées aux disparitions, des parents centrés sur eux même incapable de communiquer avec leurs semblables dans un monde ou l'individualisme est roi.


La force du film réside dans sa capacité à interpeller sans jamais juger ou dénoncer, il ne fait qu'offrir un regard sur un drame familial et laisse au spectateur le choix d’interpréter comme il l'entend ce qu'il y voit.
Comme les parents au fond, nous restons dans le doute et nous éprouvons de la colère, de la tristesse, des regrets, une incompréhension face à un monde froid et austère dans lequel vivre est un combat permanent.

angel25
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le 17 oct. 2017

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angel25

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