J’ai découvert Andrey Zvyagintsey avec Elena, que j’avais adoré. Après le très beau Leviathan (prix du scénario), il était de nouveau à Cannes cette année avec ce Faute d’amour (prix du jury). D’ailleurs, tous ces films sont passés et été primés sur la Croisette sauf Le retour, son premier (Lion d’or à Venise). Voilà donc une nouvelle vision, toujours très noire, de la Russie d’aujourd’hui. C’est sombre, froid, glacial même, que ce soit les images, le propos ou le traitement. La mise en scène est sèche, minimaliste, sans effets et sans esbroufe mais terriblement puissante. Le récit fait froid dans le dos, nous laissant, au sortir, pantelant. Résultat d’une angoisse sourde qui monte progressivement jusqu'à un dénouement (attendu, ou pas) d’une terrible mélancolie. L’interprétation est de haute volée. Alexey Rozin (déjà dans Elena) et Maryana Spivak (dont c’est le premier film) sont formidables dans le rôle des parents. En résumé, encore une très belle réussite du réalisateur et une nouvelle vision au vitriol de la Russie de Poutine (et plus largement d’un état de l’humanité toute entière), aussi sombre et désespérée que le récent Une femme douce. Un film intense et oppressant.
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