Cette fois encore, il dresse un portait de la Russie actuelle à travers l’histoire d’un couple en instance de divorce et dont la victime collatérale va être leur enfant de 10 ans qui va fuguer et devenir introuvable.
Au cœur de ce film, le déchirement affectif et la violence morale qui peut découler de la séparation d’un couple. On n’a pas oublié Nous ne vieilliront pas ensemble de Pialat ou La Séparation de Christian Vincent – deux film aussi violents et bouleversants que celui-ci, qui disséquaient chacun à leur manière la mécanique de la séparation avec la détestation qui en découlait... même si celui-ci est plus un prétexte, car derrière ce portrait de couple proposé par Zviaguintsev, c’est plus largement celui d’une société tout en entière qui est présenté, où l’individualisme, l’égocentrisme exacerbé, le culte de l’image sont roi, avec cette nouvelle génération de femmes russes plus préoccupées par leur smartphone et leur réseaux sociaux que par leurs enfants.
Le poids de la religion, de la famille, des institutions et bien sûr du pouvoir et des médias évoqués par le son et les image qui s’échappent des télévisons, tout ça est montré sans ambiguïté mais parfois de manière peut-être un peu appuyé par une réalisateur pourtant toujours aussi doué quand il s’agit de mettre en scène, de créer des ambiances morbides ou de filmer des paysages urbains moscovites hivernaux, réussissant à magnifier des endroits délabrés comme cette piscine à l’abandon où ont lieu les recherches pour retrouver l’enfant.
Si l’on pourra encore taxer de cynique ou de donneur de leçon le cinéaste russe, une chose et sûre, sa maîtrise et son style ne laissent toujours aucune place à la contestation.