Du polar en petite forme qui livre la came de façon suffisante pour générer du divertissement mais dont on ne retiendra pas grand chose en fin de séance, si ce n'est une avalanche de twists plus ou moins efficaces, qui ont toutefois le mérite d'être surprenants. En effet, même si l'on se doute, vu la narration linéaire et sans surprise qu'il utilise, que Simon Moore va nous la jouer à l'envers à un moment ou à un autre, on n'a pas forcément les billes en main pour prévoir le retournement de situation qui remettra toute l'histoire en perspective. En ce sens, faute de preuve se laisse suivre jusqu'au bout, même s'il lui manque la fougue des grands pour s'imprimer plus durablement dans nos souvenirs.
Sa réalisation insipide notamment peine à mettre en valeur les tronches charismatiques qui y évoluent. Liam Neeson essaye de faire bonne figure, mais le pauvre ne parvient jamais à donner le charisme suffisant à l'arnaqueur du dimanche qu'il est censé incarner, la faute à une mise en scène qui ne lui en donne jamais l'opportunité ainsi qu'une écriture bas du front, voir caricaturale, qui provoque la lassitude plutôt que la fascination. A ses côté, le casting féminin est aussi en peine, Laura San Giacomo n'a ni les épaules, ni le magnétisme suffisant, pour son manteau de femme fatale. Les autres seconds rôles sont tous transparents, voir à côté de la plaque pour certains (palme d'or du surjeu agaçant pour l'ancien collègue rancunier).
Ce manque d'ambition qui touche chaque secteur du film (mise en scène, direction d'acteurs, musique & écriture) est bien dommage : Faute de preuve avait du potentiel, le petit hommage au film noir qui l'anime est agréable et son twist final méritait plus d’impact. Mais en l'état, si la séance est loin d'être désagréable et se consomme jusqu'au bout sans ennui, c'est sans réelle passion. L'enthousiasme, peu stimulé, reste au minimum du potard.