Une aventure prenante et rafraîchissante
(...) Dans le roman, Mulligan situait son histoire dans un pays fictif, inspiré du Brésil, des Philippines, de l’Inde ou de la Malaisie. Les producteurs du film ont opté pour le Brésil. Un univers assez connu du grand public qui a déjà pu voir plusieurs représentations cinématographiques des favelas. Pour autant le film garde un regard particulièrement authentique et naturel de ce monde, notamment grâce à Fernando Meirelles, qui après avoir réalisé l’incroyable Cité de Dieu (2002) officie ici en tant que producteur délégué. Le film évite ainsi toutes dénonciations lourdes de la misère mais expose simplement des conditions de vie à travers le quotidien des trois jeunes garçons. Ils prennent la vie au jour le jour, tentent de s’en sortir et apprécient le peu qu’ils ont. Ainsi l’horreur n’est jamais appuyée. Au contraire elle contraste avec l’attitude très optimiste des garçons, qui lorsqu’ils ont passé une « bonne » journée la finissent en plongeant dans un lac marron, où les déchets flottent en nombre.
Le film apporte même un regard proche du documentaire. Régulièrement les trois garçons interviennent devant une caméra pour évoquer leurs conditions de vie et résumer leurs aventures. Un moyen judicieux, qui parvient à ne pas être artificiel et permet de faire la transition entre deux scènes et de justifier certaines ellipses. Ce sont également les instants émouvants du film. Car les différents témoignages révèlent la réalité tout en gardant le regard des enfants avec leur insouciance et leur résignation. Notamment avec Rato qui décrit sa vie dans les égouts, parle des marques qu’il a sur le corps et de la peur qu’il suscite malgré lui tout en gardant le sourire, haussant les épaules et déclarant que c’est la vie. Les enfants dévoilent ainsi leur caractère, un brin effronté, parfois « sale gosse » mais extrêmement touchants et sympathiques.
Au-delà de cet aspect émouvant, le film traite avant tout de l’aventure des garçons. Grâce à un montage alternatif intelligent on suit l’avancée de l’intrigue tout en revenant sur le passé pour ainsi dévoiler le mystère autour du portefeuille. En mettant au cœur de cette aventure ce petit groupe de jeunes garçons le film n’est pas sans rappeler les Goonies (1985), de Richard Donner, qui relevait tout de même davantage du comique. Rafael et ses amis deviennent malgré eux la cible de la police corrompue. Ils ne peuvent se fier à personne. La seule aide dont ils bénéficient provient de deux missionnaires américains, le père Julliard (Martin Sheen) et son assistante Olivia (Rooney Mara). Si Julliard se révèle rapidement désabusé et impuissant, la jeune femme apporte quant à elle un soutien maternel aux trois garçons dont on ne voit jamais les parents. Rooney Mara interprète parfaitement cette figure parentale. Elle fait preuve d’une réelle complicité avec les garçons et leur relation est très touchante et sincère à l’image. Son personnage découvre le monde depuis peu. Encore naïve, elle se fait gentiment manipuler par les enfants qui s’amusent à lui jouer des tours. Ces derniers sont également surprenants. Sans avoir jamais eu d’expérience de cinéma, les trois amateurs parviennent à porter à eux seul le film, parfaitement coachés par Christian Duuvoort.
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