Felicità a la crédulité de penser qu’il suffit de filmer la porte cadenassée d’un grenier ou les logorrhées verbales d’un astronaute sorti de l’eau et confortablement assis sur la banquette arrière d’une voiture pour susciter l’intérêt, mieux exciter la curiosité d’un spectateur qui n’a que faire de ces images construites sur du rien et qui n’enclenchent jamais sa rêverie. Voilà un film qui se plaît à brasser de l’air sous couvert de liberté, mettant en scène des révélations pour aussitôt les détruire – ce qui devient rapidement, très rapidement lassant – dans un jeu auquel personne ne joue, sinon les comédiens au talent indéniable. Et si la première partie divertit voire surprend avec un cadre familial rapidement déconstruit, la suite prolonge et radicalise ce procédé d’exploration des possibles avec une myopie terrible, empêchant la grâce parce que constamment raccordée aux caprices d’un réalisateur qui fabrique sa bizarrerie au lieu de la donner à vivre, raccordée à cette primauté du démiurge sur son œuvre, seul capitaine à bord d’un vaisseau qui prend l’eau de toutes parts.