Jusqu'à présent, la collection du Chat Noir était à mes yeux une mine d'or, par la découverte de classiques et pépites tombées dans l'oubli.Jusqu'à présent, la collection du Chat Noir était à mes yeux une mine d'or, par la découverte de classiques et pépites tombées dans l'oubli. Mais ma confiance pour ce matou me donna l'envie de tenter l'aventure avec un certain optimisme.
Mais dès la scène d'introduction les espoirs s'effondrent... C'est triste à dire, car il y a de bonnes intentions dans ce film, mais certains points effritent la qualité générale de l'œuvre. C'est très lisible dès les premières minutes, l'ambiance et la mise en scène donnent l'impression d'assisté à un remake de Scarface et une parodie du Parrain. Mais c'est surtout le constat d'une réalisation très moyenne.
L'intrigue principale est assez simple, elle repose sur une guerre de succession, suite au décès du dernier parrain. Niveau structure du scénario l'idée est d'insérer deux histoires parallèles, dont le but sera de les unir pour le bouquet final. Pour ce faire l'une sera consacrée à une femme (Tamaki) dirigeant un clan de la pègre en véritable stratège. Un être redoutable, froid, ayant une présence imposant le respect. De l'autre sa sœur (Makoto) une fille paumée, naïve, faible, qui deviendra une godiche sous l'aile d'un yakuza de seconde zone. Cela apporte surtout un contraste en termes d'ambiance l'une très proche des films de gangsters et l'autre plus proche de la comédie dramatique (il y a du Ozu par moments), l'union des deux donnent naissance à un policier assez intéressant, une sorte de témoignage de la femme dans le milieu mafieux. Pour en revenir sur les comparaisons cinématographiques, avec Tamako, on se rapproche du Parrain, et avec Makoto en partie de Scarface (surtout les passages entre Makoto et son prince charmant). Cela donne lieu à des scènes assez mal menées, très kitsch essentiellement pour le côté Scarface, indescriptible donc à découvrir.
Tout cela pour souligner que le film est porté par la présence de Tamaki, sans le moindre doute le personnage ayant inspiré Tarantino pour O-Ren Ishii. D'ailleurs le copier/coller de QT est très lisible dans une scène, ou la seule différence est qu'il n'y a pas la musique. Bon, j'exagère même si la scène (http://youtu.be/sJlu_xo79k8) de Tarantino est très proche, elle est surtout plus ingénieuse, sans doute facilité par l'ambiance plus légère de son film, on ne peut donc parler de plagiat. Quoi qu'il en soit notons que même si O-Ren Ishii est un clone de Tamaki, cette dernière me semble beaucoup mieux développée.
Ces points font ressortir le véritable problème du film de Gosha: un fond et des idées intéressantes, mais maladroitement mises en forme. Cas très apparent dans la scène de dispute (plutôt un méga crêpage de chignon) assez mal mise en scène, avec des actrices peu convaincantes, et pourtant l'un des passages cruciaux du film. Toutefois même si la scène est bancale par sa forme, on ne peut qu'être pris au jeu, car enfin les deux fils conducteurs se joignent, et nos personnages s'affrontent pour aboutir à un match nul surprenant. Sans trop dévoiler, c'est à partir de ce moment que le personnage de Makoto se détache du poids de sa soeur, et devient un être dont la construction est terminée. Tout le long du film, on a assisté à son évolution, la menant jusqu'au niveau de sa soeur qui elle resta la même jusqu'à cet affrontement. Contrairement à sa soeur qui devient une autre, lorsqu'elle s'avoue « vaincue » Tamaki va dévoiler sa vraie nature : sensible et aimante. D'ailleurs, l'échange après coup entre les deux soeurs est très subtil, et démontre l'intérêt du film. Même si les quinze dernières minutes sont beaucoup plus captivantes, et beaucoup mieux réalisées, c'est assez difficile à expliciter sans faire tomber les masques, donc passons.
Pour en revenir à l'ambiance, elle est portée par une musique qui ne sait pas vraiment sur quel pied nous faire danser, une sorte de mélange étrange dans un style classique du polar à la sauce 80's. C'est plutôt indigeste et sonnant très parodique. Heureusement, elle est très peu utilisée, et donc un point de second plan.
On peut dire que Femmes de Yakuzas offre un plaisir mitigé, voir de la déception. Ceci par une réalisation qui n'est pas à la hauteur des possibilités qu'offre le scénario. Cette oeuvre me semble être un beau et agréable gâchis... Malgré ce raté, je reste toujours aussi curieux de découvrir le travail de Gosha.