Le nom du fils
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J’ai toujours eu une relation ambivalente avec Michael Mann. Esthète indéniable qui propose avant tout des atmosphères, il ne réussit à m’embarquer qu’un coup sur deux. Miami Vice me laisse de marbre, Ali m’indiffère, Blackhat est déjà oublié… Mais lorsqu’il m’agrippe et parvient à m’entraîner dans son univers, il me marque. Vingt ans après, je me souviens toujours de ma séance de Collateral, subjugué que j’étais. Alors quand le monsieur revient avec Ferrari, je ne m’empresse pas, je me dis que je le verrais en temps et en heure. L’heure est venue, et comme le laisse deviner ma note, je suis conquis.
Ce n’était pourtant pas gagné d’avance, la première partie du film étant assez lente, avec des relents de déjà vu : Italie de carte postale, Driver qui varie sur son Gucci, des aller-retours indésirables lors des séquences de course… J’étais prêt à me faire une raison. Mais de fil en aiguille, la magie a commencé à opérer. La photographie magnifique peint tant de tableaux en clair-obscurs qui viennent souligner les tiraillements du couple Ferrari. Public et privé, obsession et aveuglement, sacré et fatal, tout se mêle dans un alliage de perte et de fracas. Enzo, initialement antipathique, devient compris. Du pragmatisme du couple tordu et meurtri qu’il forme avec la parfaite Penelope Cruz, en passant par l’amour non feint qu’il montre à son rejeton bâtard et par le parlé cru qu’il a avec ses pilotes, pour qui rouler à tombeau ouvert n’a jamais été plus adéquat, la résolution de cet homme perclus de travers a fini par m’imprégner.
Et quand l’ultime course débute, que l’arrêt de mort est littéralement signé, Mann a fait de moi un être vulnérable, en parfaite condition pour se prendre le choc, pour être renversé en pleine jubilation. Car je ne connaissais pas l’histoire de cette course, et si tout menait à ce fatal accident, je n’en étais pas moins estomaqué devant sa violence.
J’en viens à réaliser que si je n’étais dans la vie aucune appétence pour la mécanique, les bolides et les grands prix, je suis toujours subjugué lorsque la tôle passe entre les mains d’un cinéaste qui sait y faire, qui sait imprimer la kinesthésie sur ma rétine et les moteurs dans mes esgourdes. Et ce peu importe le registre : du post-apo furieux de Mad Max au trip sous acide de Speed Racer, en passant par le blockbuster consensuel (mais efficace) Ford v Ferrari, et la tragédie atmosphérique présentée ici. Une affaire de sensoriel.
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le 25 sept. 2024
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