100% sinon RiEn
On peut dire que j’ai cliqué sur ce film du bout d’un ongle mais au final il est étonnant pour la forme de sa conception. Un brin absurde sur le fond, car s’arracher un ongle pour valider l’amour...
le 5 nov. 2023
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Qui connait Apples, le premier long métrage de Christos Nikou, sera probablement à l’abri des malentendus que risque de générer son nouvel opus : chez le réalisateur, les atours de la SF présentés dans le pitch ne sont qu’un point de départ, une façon de tordre les questions universelles sur la psyché humaine. L’épidémie d’amnésie dans Apples permettait ainsi d’illustrer le parcours du deuil. Dans Fingernails, on imagine un test permettant de définir scientifiquement si deux personnes sont amoureuses : chaque couple peut ainsi obtenir son certificat, et s’en remettre à une autorité pour ne plus avoir à se questionner sur un sujet pourtant si complexe et fluctuant.
Le récit n’échappe pas au syndrome Black Mirror, doté d’une DA vintage des 70’s pour légitimer l’idée d’un monde à l’écart du nôtre, et par une lecture dystopique de la satire. Car l’intérêt principal consiste surtout à montrer la naïveté avec laquelle on croit pouvoir déterminer quels critères vont permettre à des couples d’accroitre leur relation pour pouvoir réussir le test. Le lieu de formation et les différentes épreuves alignent ainsi les stéréotypes les plus saugrenus, comme la reconnaissance olfactive ou le karaoké de chansons en français, officiellement « la langue la plus érotique ».
Mais la cruauté du test, consistant à s’arracher un ongle, annonce aussi le gouffre d’incertitude dans lequel sont plongés les individus qui échouent en dépit de leur attachement à l’autre.
C’est là que se construit la trame principale d’un récit, à savoir une nouvelle désinence sur les sempiternelles fluctuations du sentiment amoureux : un couple « certifié » qui semble pourtant s’éteindre, un amour naissant qu’on ne contrôlerait pas, et le refuge derrière des assurances scientifiques qui ne sont finalement qu’une énième version d’un conservatisme moral. Comme dans Apples, c’est là que Nikou se trouve le plus à son aise : dans la traque des regards, le temps dilaté de la mélancolie, l’isolement des individus dans des cadrages raffinés ou la diffraction de leur silhouette derrière des parois de verre. Mais, comme dans le premier film également, le cinéaste semble vouloir étendre la matière d’un épisode d’une cinquantaine de minute au format du long métrage. Il n’empêche : l’excellent trio formé par Jessie Buckley, Jeremy Allen White et Riz Ahmed donne chair et larmes à cette désillusion d’un discours rationnel sur des sentiments qui, évidemment, ne peuvent être circonscrits, et illustrent avec tact cette ultramoderne solitude de l’homme face aux désillusions du progrès.
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Créée
le 7 nov. 2023
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