Désormais, chaque sortie d’un nouveau film de Damien Chazelle est un événement public et critique. Après le raz-de-marée La La Land, First Man arrive, lui, beaucoup plus sobrement, à l’image du film où le réalisateur tente d’expliquer le mythe Neil Armstrong en s’immisçant dans son intimité personnelle et professionnelle. Comme pour La La Land, je reconnais énormément de qualités à First Man, mais je sors de la séance légèrement déçue et sur ma faim.
Accompagné par une musique élégante, moins tape-à-l’œil mais toute aussi efficace que sur son dernier film, Damien Chazelle réalise une mise en scène immersive et efficace, proche de son sujet lors des tempêtes traversées par Neil Armstrong, qu’elles soient terrestres ou spatiales. First Man, c’est avant tout un film sur l’amour, la solitude qu’il procure, la persévérance qu’il requiert et le deuil qui l’attend.
Vaste sujet qu’est l’amour. En voulant le traiter au plus profond de l’intimité personnelle et professionnelle de Neil Armstrong, Chazelle fait inéluctablement face à certaines longueurs lors de séquences familiales, pâtissant de la comparaison avec les séquences à la NASA. Malheureusement, ces longueurs peuvent parfois même tourner au drama un peu lourd et tire-larmes. Comme souvent, Ryan Gosling maitrise ses non-émotions à la perfection. Son personnage s’y prête, submergé par les enjeux de ses vies professionnelles et personnelles. Cependant, le personnage ne surprend pas. Il manque de relief et de profondeur. Tantôt persévérant, tantôt apeuré, mais toujours froid, avec le même objectif que rien ni personne ne peut dévier. Il avance, presque sans le vouloir, en subissant et en intériorisant.
En quittant le monde musical pour celui de l’astronomie, Damien Chazelle, comme son personnage, se perd un peu dans la large thématique de l’amour, ne sachant pas choisir entre privilégier son couple ou sa carrière et arrivant difficilement à les imbriquer l’un dans l’autre. L’alchimie est quasiment inexistante entre vie privée et vie professionnelle. Les impressionnantes scènes d’immersion à bord de la navette spatiale arrivent difficilement à contrebalancer la froideur préjudiciable des scènes sur Terre.
Au final, First Man est un film avec beaucoup de qualités techniques, un sujet intéressant et un réalisateur talentueux. Mais First Man, c’est surtout un film très conventionnel, sans surprise et presque sans passion. Un très bon documentaire immersif, mais pas un chef-d’œuvre de (science) fiction.