En temps que passionné de conquête spatiale et de technologies avancées, je suis particulièrement attentif aux sorties cinéma, lorsqu'il est notamment question de quitter la surface de notre belle Terre.
Naturellement, j'ai été séduit par la bande annonce que beaucoup auront vu, avec l'ouverture sur la gigantesque Saturne V, les vues d'un vol sur avion X-15, une éjection sur LLRV, les défaillances sur Gemini 8, la descente sur la Lune... Mais en fait, comme dans beaucoup de cas aujourd'hui en matière de bande annonce, c'est à peu prêt tout ce que vous verrez de ce que vous vous attendez à voir touchant à l'aéro-astronautique dans tout le film...
Réalisé par Damien Chazelle avec Ryan Gosling dans le rôle de Neil Armstrong, First man est n'est pas un film d'astronautique avec une étude psychologie de l'homme qui foula pour la première fois le sol lunaire, mais une étude psychologique bâclée notamment familiale sur fond spatial.
Malheureusement, peu de soin a été apporté à la précision des vues des différents vols, sans parler des sons totalement ubuesques qui mettent par exemple un turbopropulseur sur un avion fusée, ou des fracas d'une incroyable intensité à chaque fois qu'il se passe quelque chose dans les missions d'Armstrong, probablement pour réveiller le spectateur qui sera saisi d’ennui dans les longues phases de dialogues qui n’apportent rien de véritablement intéressant, si ce n'est rendre le film pseudo intellectuel (un peu à la manière de l'effroyable Interstellar).
En prenant pour exemple le flagrant l’irréalisme de vitesses relatives dans l'espace, j'ai été extrêmement déçu par la faible facture de tout ce qui touche à l'espace dans ce film. N'attendez pas non plus de scènes de décollages ou de rentrée dans l’atmosphère dignes de ce nom, vous n'en verrez pas. D'ailleurs, l’atterrissage sur la Lune est tout simplement d'une extraordinaire déception, de par son côté bas de gamme dans la réalisation. Attendez vous aussi à des coupures insupportables, qui font passer Armstrong de l'orbite de la Lune à sa quarantaine, dans nous offrir une scène de ré-rentrée, qui prodigue toujours une émotion chez les enthousiastes de la chose astronautique.
Bien sûr peu d'étalons existent en la matière. On se rappellera de L'Etoffe des héros, de 1983, par Philip Kaufman, Apollo XIII de 1995 par Ron Howard, et Gagarine, de 2013 par Pavel Parkhomenko. Malheureusement, ou heureusement pour leurs réalisateurs, toutes ces œuvres, sont d'une qualité clairement supérieure par rapport à First Man, ne serait-ce que parce qu'on a la sensation, dans ces trois films, d'une recherche évidente de réalisme, là où First Man se veut surtout être un moyen de présenter une vision larmoyante d'un Armstrong quasiment dépressif durant toute la durée du film, ce qui m'a particulièrement gêné : nul ne peut imaginer qu'un pilote dans un état pareil aurait pu être sélectionné pour partir sur la Lune.
On ne parlera pas non plus de l'absence de traitement du choix de Armstrong au lieu d'Aldrin, pourtant prévu pour être le premier à fouler le sol lunaire, ayant pourtant alimenté la littérature spécialisée. Aussi, on regrettera que le réalisateur n'ai pas choisi de développer l'aspect patriotique de la conquête de la Lune, en ne mettant pas non plus en scène les réactions politiques côté Soviétique de l'événement.
Seule mention positive à ce film, on appréciera le détail portée à l'intérieur de la capsule Gemini (probablement une vraie, vu son état d'usure), et on ressent bien l'étroitesse de la cabine et la relation entre le pilote et l'ingénieur de bord. La mission Gemini est probablement d'ailleurs la scène intéressante du film, car présentant un épisode peu connu de la conquête spatiale, bien qu'on regrettera toujours les fracas sonore dès qu'il se passe quelque chose.
Honnêtement, j'ai manqué m'endormir plusieurs fois durant ces 2h22 de film, dans lequel vous entendrez parler davantage de drames de couple et familiaux, que de ce qui se passe vraiment dans la tête d'un astronaute. First Man est un film que je ne reverrai pas, et préfère me délecter d'Apollo XIII, seule référence cinématographique en ce qui concerne le programme de la conquête de la Lune.