Par Guillaume Loison
Fix me s'inscrit dans la veine des films à la première personne, façon Journal intime de Moretti. Sauf que Raed Andoni est Palestinien, qu'il habite Ramallah, et que ses maux de tête incurables l'obsèdent au point de lui inspirer le film que voici. Cet écart culturel ne saurait toutefois estomper ce que Fix me reproduit d'un tel genre cinématographique, dont il relève bel et bien. Une déambulation permanente, des rencontres, des pensées en voix off, quel que soit le sujet filmé, et la trajectoire qu'il décide de tracer, la grammaire nombriliste finit toujours par le rattacher inconsciemment à un archétype narratif hyper codifié. Cette ambivalence travaille d'ailleurs le film en profondeur : plus Andoni essaie d'être lui-même, plus il se définit par ce qui l'entoure. Constat assez classique, mais qui se vérifie d'autant plus en Palestine, terre occupée qui pousse chaque individu à la solidarité, ou, du moins, à se positionner sur des questions communes.
Au départ, donc, une migraine tenace qui pousse le cinéaste à entamer une psychothérapie. En simultané, c'est aussi une idée de cinéma qui commence à germer, et que la caméra enregistre dans les conditions du direct. Arrivé chez son psy, Andoni lui explique les raisons de sa venue, et la présence de l'équipe technique qui au fond de la pièce, les cadre tous les deux. « Ils ne comprennent pas l'Arabe » prévient-il, de manière à ce que l'enregistrement soit le plus neutre possible. Cette mise en abyme ainsi dressée, le film trouve son point d'équilibre : Andoni (l'acteur), s'abandonne à ses confidences, saisies par une caméra sans tête, un peu flottante, et dont le montage tente de conserver la structure intempestive. (...)
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