La Terre se meurt, un couple est à l'agonie.
Alors que le climat de notre planète devient de plus en plus aride et hostile à la survie de l'espèce humaine, la flamme de la passion qui a existé entre Henrietta et Junior s'éteint elle aussi, diminuée par l'usure du quotidien, du manque d'efforts de l'un pour essayer de comprendre l'autre, des aspirations à plus de l'une face à celui qui pense tenir comme acquise cette vie auprès d'elle... Quelque chose s'est définitivement brisé entre Henrietta et Junior, deux êtres qui ne parviennent manifestement plus à retrouver l'onde commune des sentiments qui les a réunis dans leurs moments de bonheur passés.
La venue d'un homme va tout changer. Envoyé par une multinationale chargée de préparer la prochaine existence des humains à l'intérieur d'une station spatiale, Terrance annonce au couple que Junior a été sélectionné pour participer à cette entreprise titanesque et leur propose un moyen de gérer les conséquences que son absence va entraîner sur le quotidien de Henrietta...
Face à cette nouvelle qui pourrait sonner le glas de leur relation en les éloignant physiquement l'un de l'autre, Henrietta va tout de même tenter de renouer et raviver les étincelles de son amour pour Junior, malgré la présence intrusive de Terrance, resté pour procéder à des tests sur son candidat...
Fable intimiste usant de son postulat SF pour poser de très bonnes questions et pistes philosophiques sur ce qui définit l'essence d'un couple sur la durée et, notamment, cette déconnexion vis-à-vis de l'autre qui peut s'y immiscer telle une tumeur à la progression fatale, "Foe" ("Le Remplaçant" en V.F.) se prend hélas les pieds dans les rouages de sa construction en plot twist qui, en plus de ne pas être si imprévisible que voulue, va le contraindre à stagner bien trop longtemps autour d'une phase où l'influence de l'élément perturbateur incarné par Terrance sur le quotidien du couple (tantôt simple révélateur de non-dits tantôt Pygmalion d'un Junior cherchant tellement à se redéfinir à l'aune des préoccupations de Henrietta qu'il encourt le risque de se perdre lui-même) va se répéter dans le huis-clos de cette propriété isolée du Midwest et donc lasser dans l'attente de ce que l'on devine être -du moins, en termes de grands contours- le catalyseur symbolique des arguments SF du champ d'étude conjugal du long-métrage.
Ainsi, la révélation finale a beau produire son effet, être cohérente quant à l'aspect désespéré qu'elle exalte de sa thématique principale et faire entrer le film dans une noirceur bien plus intéressante que ce qui a précédé (la dernière partie sur les chemins empruntés par le couple pour trouver une forme d'apaisement chacun à leur manière remet tout son éclat tragique au propos), "Foe" aura donné l'impression de tourner plus que de raison autour du pot, créant quelque part chez le spectateur le même sentiment d'usure à son égard que celui ressenti par ses protagonistes.
Handicapé par une structure scénaristique qui le paralyse dans l'attente de l'arrivée de son rebondissement majeur, "Foe" ne peut malheureusement laisser que l'impression d'une oeuvre mineure là où la réunion de tant d'ingrédients de qualité, de son interprétation (Saoirse Ronan et Paul Mescal sont formidables dans toutes les nuances de leurs rôles respectifs, n'oublions pas de mentionner Aaron Pierre également) à l'intelligence d'approche de son discours, pouvait laisser penser à bien plus. Sous couvert d'une parabole SF judicieuse, "Foe" aurait pu être un grand film sur le couple mais sa mécanique grippée nous aura empêcher de l'adorer... Comme ce grain de sable qui s'est installé entre Henrietta et Junior pour ne cesser de s'amplifier.