Following est le premier long-métrage de Christopher Nolan, réalisateur que tout le monde connaît maintenant grâce à sa trilogie de Batman. Il faut savoir qu'avant d'entamer cette trilogie, le cinéaste anglais a réalisé trois films : Insomnia, Memento et donc Following. Dans ce film nous suivons Bill, un jeune écrivain en grande panne d'inspiration qui décide de suivre des gens au hasard dans la rue. Son manque de rigueur le conduit à être repéré et à être lui-même par Cobb, un cambrioleur psychopathe et sophistiqué. Ce dernier persuade Bill de franchir le pas et d'entrer par effraction dans les habitations des gens qu'il suit. Ce scénario tout simple au premier abord se complexifie au fur et à mesure que le film se déroule.
Ce film a été tourné en noir et blanc sûrement à cause du budget peu conséquent (6000$) mais cela importe peu car ce choix donne un côté noir à l’œuvre. Aussi, le noir et blanc donne une certaine intemporalité. On ne sait pas trop dans quelle époque se déroule le film (quoique les vêtements et les coupes de cheveux le trahisse un peu). Les décors utilisés (presque tout en intérieur) et la simplicité des objets utilisés n'aident pas non plus pour situer le film dans le temps. Le noir et blanc donne également une étonnante intimité entre les deux protagonistes que sont Bill et Cobb. Ils incarnent à merveille ces oppositions qui au final les rapprochent. Alors que Bill se soucie peu de son apparence, Cobb lui est coquet et porte des costumes sur mesure. Ces personnages sont contradictoires et il en découle et une relation particulière et par la suite malsaine. On pourrait tout de même reprocher aux personnages de manquer de profondeur et d'émotions mais Following ne se contente pas de ça et offre un montage particulier. Explications …
Si vous ne le connaissez pas, Memento est le deuxième long-métrage de Nolan. Il a la particularité d'avoir un montage peu commun car le film se déroule plus ou moins à l'envers. Comprenez par là que les séquences du film remontent peu à peu dans le sens chronologique du scénario. Following est le film qui a permis à Nolan de s’entraîner avec ce type de narration qualifié de non-chronologique. Le montage est en effet décousu, nous voyons des séquences dans un ordre que l'on pourrait qualifier d'illogique mais qui au final l'est au fur et à mesure que le film dévoile ses mystères. Cette compréhension est possible grâce aux lieux que l'on voit dans le film mais aussi aux personnages ou bien aux objets. Une salle d'interrogatoire, une coiffure, des photos suffisent à nous replacer instinctivement dans le bon déroulement de l'histoire. Bill, par exemple, change de look au milieu du film (chronologiquement parlant) mais nous le voyons transformé en avance dans le film si bien que l'on ne sait pas très bien si nous avons affaire à deux personnages différents avant d'avoir vu la fameuse scène de relooking.C'est tout là le génie de Nolan car toutes les questions que l'on se pose lors des séquences que l'on ne comprend pas sont répondues sans qu'on ne s'attarde trop à réfléchir sur ces questions. Le cinéaste nous manipule tout le long du film et même lorsque nous croyons avoir tout compris, la scène finale se révèle être un twist qui déroute encore plus le spectateur. C'est un vrai tour de force que d'arriver à raconter une histoire si peu linéaire avec autant de fluidité.
Vous l'aurez compris, malgré son papier peu engageant, Following est un véritable divertissement de réflexion qui permet au de se poser continuellement des questions sur le devenir des personnages. Par contre Nolan ne laisse aucunement de place à l'interprétation, le cinéaste boucle en effet son scénario et son histoire sans que l'on puisse se poser de questions à la fin du film. C'est peut être sur ce point que le film pêche un peu mais nous pouvons être conciliant quand on sait que c'est son premier film. Sinon quand vous verrez le film, vous remarquerez le logo Batman sur la porte du héros avant même que le réalisateur ne commence à s'intéresser à celui ci. Les coïncidences sont parfois extraordinaires.