FOMO: Fear of Missing Out est un film hongrois de Attila Hartung co-écrit avec la scénariste Yvonne Kerékgyártó et qui nous plonge en apnée non seulement dans une certaine jeunesse de son pays mais plus globalement dans l'insouciance béate d'une jeunesse abreuvée d'alcool et de bêtise crasse validée par un like sur un réseau social.


Dans FOMO: Fear of Missing Out nous allons donc suivre Gergö et ses trois potes de lycée qui abreuvent une chaîne Youtube sous le collectif Les Loups de vidéos stupides faites de défis crétins à la Jackass, de provocations stupides mais aussi de violence ordinaire érigée comme une cool attitude consistant notamment à foutre des mains aux culs aux passantes. Après une soirée bien arrosée le collectif franchit un pas de plus dans l'abject en violant Lilla une jeune fille ivre morte et en postant photos et vidéos sur les réseaux sociaux entrainant un torrent de haine et de harcèlement non pas sur les coupables mais sur la victime. Toutefois Gergö qui apparait sur certaines photos se retrouve menacé d'exclusion de son lycée et il entreprend donc avec ses trois fidèles amis de retrouver Lilla qui a fuguée pour savoir si elle est en mesure d'identifier son agresseur.


FOMO: Fear of Missing Out est tout sauf un film agréable à suivre , l'idée est plutôt de vous saisir à la gorge et de ne plus vous lâcher durant 90 minutes en alternant pressions étouffantes et courts instants de lâcher prise. On pouvait craindre de par son sujet que le film ne soit qu'une charge féroce et unilatérale de Youtube, des réseaux sociaux et des nouvelles technologie mais le film de Attila Hartung nous rappelle surtout que l'outil n'est jamais plus responsable que l'idiot qui l'utilise mal. Et si ces quatre jeunes sont effectivement des accrocs narcissiques à l'étalage de leur propre bêtise, il sont avant tout des connards absolument détestables qui ne trouvent dans Youtube qu'une pseudo respectabilité faites de l'approbation anonyme de leurs pitoyables exploits. Si le film dessine en filigrane les dérives du harcèlement moral, de la vindicte populaire numérique, du triste besoin d'exister par l'image il n'oublie pas que tout n'est finalement que le miroir et la loupe grossissante d'un malaise bien plus profond encore. Avec FOMO: Fear of Missing Out c'est aussi le portrait terrifiant d'une certaine jeunesse bourgeoise de la Hongrie contemporaine qui prend vie sous nos yeux celle dans laquelle triomphe sous l'approbation de ses pères le jeune mâle alpha fier de sa bêtise, de son racisme, de sa suffisance, de son irresponsabilité, de son homophobie, de son antisémitisme et de sa mysorine. Cala faisait bien longtemps que je n'avais pas regardé un film avec un tel sentiment d'inconfort et une telle envie de baffer avec force les personnages face à l'ignominie décontractée de leurs actes comme lorsqu'ils s'amusent à humilier des SDF contre rémunération. Le point d'ancrage pour le spectateur restera heureusement le personnage de Gergö souvent tout aussi con que ses amis, coupable du viol de Lilla mais prenant doucement conscience à mesure que le film avance de la notion de responsabilité de ses actes en cherchant à s'extirper de la meute des loups. Un personnage comme une faible lueur d'espoir au milieu d'un tourment malaisant qui ne laissera au spectateur que de faibles occasions de respirer. FOMO: Fear of Missing Out qui alterne avec maitrise prises de vues classiques et images filmées à l'arrache par les smartphones des personnages ne laisse quasiment aucun répit aux spectateurs, le plongeant le nez dans la fange d'une société rongée par ses propres démons livrés généreusement en héritage à des générations d'abrutis irresponsables.


FOMO: Fear of Missing Out est un film terrifiant et malaisant mais c'est surtout un grand film tout court qui choisit de bousculer les spectateurs pour mieux les interpeller. Si vous aimez le cinéma qui vous caresse dans le sens du poil pour vous divertir et vous endormir passez votre chemin, si vous n'avez rien rien contre une bonne grosse baffe dans la gueule de temps en temps alors je vous conseille de passer un très bon mauvais moment devant ce film.

freddyK
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le 2 janv. 2022

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