That's what I do, do you want me to make a fucking reggae record ?
16 ans après leur création les Foo Fighters sont encore souvent considérés par de trop nombreux "pros" comme un mauvais résidu de Nirvana, une bande de loosers opportunistes profitant de l'aura, toujours vivace, d'une légende du rock moderne. 16 ans de carrière que d'aucun continuent de mettre au crédit d'un malentendu entre un public à la poursuite d'un fantôme et un groupe trop content de se faire une notoriété pour pas grand chose.
16 ans d'une carrière qui a démarrée par un album enregistré en une semaine, par un seul mec sur une cassette audio, et qui se poursuite aujourd'hui avec des concerts gigantesques accueillant 85 000 spectateurs. Et si le malentendu n'était pas du côté du public ? Et s'il y avait autre chose derrière ce succès ?
"Foo Fighters : Back and Forth" se propose de retracer ces 16 années en empilant images d'archives, sessions d'enregistrement, prestations live et interview des différents membres.
S'intéresser aux Foo Fighters c'est évidemment s'intéresser à Dave Grohl, charismatique homme orchestre ayant lancé l'aventure tout seul et qui continue de porter la formation. On le retrouve tel qu'on l'imagine, tel qu'on le retrouve sur scène : entier, farceur, honnête, humain, vulgaire, imparfait, attachant.
A la question "comment se relever après avoir participer à la naissance et à la mort d'une légende de façon aussi fulgurante ?" il réponds, le plus simplement du monde : "Playing fucking music" !
Les Foo Fighters c'est exactement ça : des mecs qui jouent de la musique, qui kiffent ça et qui donnent tout ce qu'ils ont pour que leur public kiffe aussi. Foo Fighters n'est certainement pas la formation la plus subtile ou la plus révolutionnaire du Rock n'Roll mais le groupe dégage une efficacité et un plaisir communicatif.
Le film revient sur les grands moments de bonheurs du groupe ainsi que sur les passages à vide, sans détours mais sans dramatisation excessive. L'exclusion de William Goldsmith, l'overdose de Taylor Hawkins, la mort de Kurt Cobain et le besoin de se remettre à jouer dans la foulée, la valse des guitaristes... les musiciens parlent et se livrent avec franchise. Les vrais moment d'émotions succèdent aux envolées rock n'roll puis aux délires potaches. Bien que l'ossature soit purement chronologique le brillant montage relance en permanence le récit pour obtenir une narration fluide et captivante.
De désillusions en réussites "Back and Forth" dessine le parcours d'un groupe de rock qui n'a jamais voulu perdre de vue l'essentiel : la musique et le plaisir qu'elle procure. Quel groupe aujourd'hui enregistre son nouvel album dans un garage, sur du matériel analogique, alors qu'ils ont accès aux studios les plus perfectionnés de la planète ? Quel groupe ayant rempli Wembley 2 jours d'affilé se permet de faire une tournée dans les garages de leurs fans, pour du beurre, pour le plaisir ? Quel musicien éclate de rire parce que sa fille vient le déranger lors d'une séance d'enregistrement alors qu'il a joué avec Paul McCartney, Bryan May, John Paul Jones, Jimmy Page, Lemmy Killmister au cours de sa carrière ?
Dave "Fucking" Grohl et ses Foo "Fucking" Fighters sont ainsi : des mecs qui mettent toute leur énergie pour jouer du rock, des mecs brassant des millions de dollars, des dizaines de récompenses, des milliers de fans mais qui ont toujours la dérision nécessaire pour reconnaître que tout ceci est absurde... pour reconnaître que, tout de même, Foo Fighters c'est un nom de merde pour un groupe de rock.
"Foo Fighters : Back and Forth" est un rockumentaire complet, sincère et captivant. Un film passionnant aussi bien sur le fond (les anecdotes, les images volées, le processus créatif sur les albums) que sur la forme (montage inspiré, jeu entre les enregistrements studio/live/impros, utilisation de chansons de Wasting Lights en version démo comme filigrane, le sublime générique du début). Le film de James Moll montre tout simplement que quand on participe à des disques majeures de l'Histoire du rock (Dave Grohl est à la batterie sur "Nevermind" de Nirvana et "A Song For The Deaf" des Queens of the Stone Age), quand on joue en concert avec des légendes de la musique, quand on remplie régulièrement des stades entiers avec des gens en plein head-banging... bref quand on arrive là où sont les Foo Fighters : ça n'a rien à voir avec la chance, n'en déplaise à certains.
FUCK YEAH !
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