Intoxication filmique
Le problème quand on enfonce des portes ouvertes, c'est que ça sert à rien. En même temps, c'est un peu le principe de cette expression. Que ça sert à rien. D'un certain point de vue, on peut dire...
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le 27 août 2017
Le problème quand on enfonce des portes ouvertes, c'est que ça sert à rien. En même temps, c'est un peu le principe de cette expression. Que ça sert à rien. D'un certain point de vue, on peut dire que je viens d'en enfoncer une. Bah oui, dire qu'il est inutile d'enfoncer des portes ouvertes ne sert à rien. Tout aussi inutile que d'expliquer cette expression. C'est vrai, même un gosse pourrait comprendre l'image. Pour ouvrir une porte ouverte, il suffit d'utiliser la poignée prévue à cet effet, sinon cet objet serait inutile et ne servirait à personne. D'ailleurs, l'expression "enfoncer une porte ouverte" ne veut concrètement rien dire. Le fait d'enfoncer une porte désigne le fait d'exercer une pression suffisamment forte pour la débloquer, ce qui inclut le passage du statut "fermé" au statut "ouvert". Si la porte est déjà ouverte, on n'observe aucun changement de statut, on ne fait donc que frapper dedans. Cette expression devrait donc être renommée "ouvrir une porte avec grande violence".
Tout ce paragraphe, voilà exactement ce que Consumed - ou Food paye ta traduction improbable - s'amuse à faire pendant une heure et demie : enfoncer des portes ouvertes tout en déclinant sa futilité à toutes les sauces afin de coller dans les standards temporels de sorties en salles - en admettant que le grand écran fût l'ambition de cette merde l'espace d'un seul instant. On sait que ce monde de merde est davantage attiré par le profit que par le bien-être individuel de chacun de ses habitants. On sait que les lobbies sont des putains de machines à pognon et que l'univers scientifique est avant tout un secteur commercial plutôt qu'humanitaire. Vous n'allez strictement rien nous apprendre de plus que toutes ces émissions minables qui se copient entre elles pour devenir les reines du scandale alimentaire. Alors trouvez quelque chose, bordel de Dieu ! Utilisez l'humour, la satire, l'absurde, ou bien faites en sorte que cette critique du secteur agroalimentaire soit incluse dans un scénario qui nous apportera bien plus que le traditionnel "C'est pas bien" qu'on retrouve dans toutes les manifs pleurnicheuses de la capitale. Faites ce que vous voulez, mais faites-le intelligemment, au lieu de vous contentez de la benne à ordures où gisent les "docu-fictions" matinaux de TF1 et d'autres bouses du même type.
Mon énervement est d'autant plus grand que le projet avait toutes les chances pour déboucher sur une réussite. Déjà, le casting est plutôt pas mal. Les acteurs sont vachement crédibles, et puis y a Danny Glover, merde ! Tous ces gens méritaient mieux que de pourrir dans cet étron moralisateur. Et puis, le sujet en lui-même est foutrement intéressant. On connaît déjà tout sur les dangers que représentent les OGM, certes, mais rien ne vous empêchait de vous la jouer à la Columbo en nous délivrant une enquête passionnante qui mènerait à la preuve de la culpabilité de ces croisements végétaux. Mais non, bien sûr, pourquoi encore continuer à croire en l'existence du Père Noël ? Pourquoi réfléchir à des scénarios intelligents quand on pourrait simplement cuisiner tous les défauts récurrents de ce genre de films dans une salade abjecte dégoulinant de crasse et de clichés ? Pourquoi prendre la peine de développer des personnages réalistes et intéressants quand on peut simplement recycler les archétypes éculés de la mère célibataire forte et du PDG dont le travail empiète sur la vie familiale ? Oh, j'ai une autre idée, pourquoi pas foutre des gosses malades ? Toujours plus de misérabilisme, histoire de choquer la ménagère. Triste film...
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le 27 août 2017
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