Un film qu'il est bien difficile d'évaluer et de comparer aux autres tant il est singulier, fait de bric et de broc, mais avec tellement de coeur qu'il finit par embarquer. Tout transpire en effet le manque de moyens et la débrouille mais également la sincérité et la générosité.
Un bonheur de retrouver le très bon Christophe Paou, découvert dans l'excellent Inconnu du Lac d'Alain Guiraudie. Il incarne ici un père pour qui le deuil de son enfant est impossible et qui trouve dans la musique que sa fille a enregistrée une forme d'éternité. Le film suit ses errances pour recoller les pièces du puzzle, dans une Marseille underground, au gré de rencontres plus farfelues les unes que les autres. Loin de l'image pittoresque des films de Robert Guédiguian, la ville est ici représentée dans ses endroits les plus trash, les plus "crasseux", les moins carte postale.
De ce fait, le film a une teinte rock, voire punk (on pense à l'univers du cinéma de Mandicot mais aussi au récent Reines du Drame, mais sans les paillettes). Il aborde assez frontalement les thèmes de la drogue, de l'addiction et de la manipulation, mais le fait à travers le regard candide de son personnage principal, ce qui vient apporter une certaine forme de distance et d'humour.
Pour autant, plus le film avance plus il prend un virage émotionnel. Un peu trop long, et alors qu'il semble longtemps chercher son rythme et son ton, il atteint une forme d'état de grâce dans son dernier quart, très réussi.
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