Une jolie découverte, riche en émotion, malgré une dernière partie un peu moins réussie à mon sens, la faute à un rythme langoureux qui étire un peu trop certaines scènes à mon goût. Une fois que Natsuko se met en tête de devenir actrice, j'ai trouvé le temps un peu long. Dommage, parce que j'étais jusque là convaincu à la fois par le coup d'oeil particulièrement assuré de Yôichi Higashi, qui sert une mise en scène sans manière qui à l'occasion sait se montrer créative (je n'oublierai pas ce moment où Setsuko Karasuma se surimpose à son image projetée) mais aussi et surtout par les différents portraits de femmes qu'il met en image avec tendresse et patience.
Ces dernières parviennent, tour à tour, chacune à leur manière, à être touchantes tout en questionnant le sens de la vie, entre détermination et fatalisme. Que ce soit Natsuko et son romantisme naïf, Kei et sa rage de vivre avec légèreté tout en se gardant bien de n'appartenir à personne, Haruko qui se laisse balloter par la tradition, jeune fille modèle victime d'une société intransigeante (jetée par son mari uniquement parce que sa soeur est mentalement en souffrance) ou encore la petit soeur en dépression qui se lie d'amitié avec un arbre quand elle ne lit pas des poèmes qui questionnent la vie, on se laisse porter par chaque étude de personnage; il n'y a finalement que celui de la soeur activiste qui m'a semblé un peu balourd et trop caricatural : il offre le pied à terre à Tokyo mais peine à proposer davantage.
Yôichi Higashi parvient par ailleurs à trouver un certain équilibre entre ces portraits de femmes et les hommes qui croisent leur route. La voie de la facilité aurait été de faire d'eux des enfoirés notoires, mais ils sont représentés avec réalisme à mon sens, du coeur tendre romantique au salaud qui profite d'un repas trop arrosé pour parvenir à ses fins, les rôles sont respectés.
Mais Four Seasons: Natsuko c'est avant tout Setsuko Karasuma que je crois n'avoir jamais vu à l'écran auparavant et qui ici est de chaque plan : elle signe un rôle solaire; comment, en tant que spectateur fragile, ne pas tomber sous le charme, à la fois de sa plastique fantastique, mais également de son visage si expressif ? Comme Mark avant moi, la séance de shooting m'a plutôt marqué, très tendre, jamais glauque, jusqu'à son dénouement que chacun interprétera à sa manière certainement : pour ma part, c'est une émancipation certaine, l'acceptation d'un abandon de lourdes règles qui régissent la vie de chacun sans un société où les rôles ont des contours trop rigides, que j'y vois.
Enfin, à titre plus personnel, je me souviendrai du film parce qu'il met en image les questionnements qu'on est amené à ressentir dans nos vies, qui se font plus oppressants au fur et à mesure que les années passent. Car finalement, peu importe le chemin de vie que l'on choisit, celui de la majorité, ou bien à contre-courant, c'est toujours le doute qui finit par l'emporter, et ce sera sans doute lui encore qui accompagnera le gravât lorsque ce dernier sonnera, en pluie, la fin des débats.