Les 4 Âmes du coyote
6.7
Les 4 Âmes du coyote

Long-métrage d'animation de Aron Gauder (2023)

Si j'ai toujours aimé me plonger dans la découverte des films sélectionnés au Festival du film d'animation d'Annecy, j'ai toujours eu du mal avec les films récompensés. S'il y a des exceptions comme Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary ou encore Saules Aveugles, Femme endormie, j'ai été franchement étonné voire déçu lorsque je vois des films pas nécessairement qualitatif repartir avec un prix (comme Ma Famille Afghane ou encore Le Petit Nicolas: Qu'est ce qu'on attend pour être heureux ?) alors que l'on peut avoir de sacré surprises en sélection (Unicorn Wars ou encore Charlotte). Il n'empêche qu'il y a toujours une curiosité qui nous pousse à aller voir ces films surtout lorsque, comme Four Souls of Coyote, ceux-ci ne font pas nécessairement parti des favoris.


Malgré une très belle animation 2D dans le style singulier d'Aaron Gauder, qu'il avait déjà employé dans son précédent film District, le film est un enfer dans son visionnage. Surement que la chose a été amplifié par le distributeur d'Eurozoom qui a trouvé malin de nous présenter le film de la pire des façons juste avant le début du film, mais malgré la créativité visuelle indéniable et la beauté de l'univers qui nous est présenté, Four Souls of Coyote est une galère sans nom à apprécier tant le film n'est pas clair dans ses intentions, ni dans sa démarche. Est ce que c'est un film qui critique Trump et la disparition de la culture amérindienne aux États Unis ? Est ce que c'est un film sur la transmission d'une culture oublié qui permettra aux génération futur d'aller de l'avant et combattre les lobbys ? Si vous pensez cela à la vu de la communication du film, vous vous trompez sur toute la ligne ou presque. Si ce que je vous ai écris plus haut sont effectivement les objectifs, le résultat final n'est absolument pas là. Le film aura beau nous introduire des personnages dans ses premières minutes, à coup de méchant riches en costard incapable de quitter les yeux de leurs téléphones portables et de jeunes amérindiens qui font un feu de camp avec leurs grand-pères, on ne les verra que 5 minutes durant l'intégralité du film. On est face à un film à la Josep où l'on nous conte une histoire du passé qui est amené à inspirer le présent à devenir meilleur, en mettant l'accent sur le lien entre le futur qui nait de nos actions passés. Cependant, là où dans Josep on a une exposition clair et une narration cohérente vis-à-vis de sa dimension méta de récit dans le récit, Four Souls of Coyote est je pense la pire manière possible de traiter de récits imbriqués. Le film se perd à raconter un récit mythologique qui ne prend pas la peine de créer un rattachement émotionnelle, ni même scénaristique, à ce que le film introduit dès ses 5 premières minutes. Introduit comme une digression flashback à but informatif, le récit mythologique se révèle être le cœur même du film, et pas nécessairement très simple à appréhendé. Le soucis étant que si l'on nous présente un flashback comme étant quelque chose d'éphémère apportant des éléments pour un récit beaucoup plus important, on est amené à s'attendre à ce qu'il se termine à un moment ou à un autre, soit pour laisser place au récit principale, soit pour faire une pause pour mieux y retourner. A aucun moment le film ne créé une cohérence vis-à-vis de son écriture et de son récit, mettant en avant des éléments qui n'ont pas grand intérêt et ne laissant pas suffisamment le temps de développer les points importants du récit. On est continuellement dans le flou total lorsqu'on est parti pour voir tout un conte mythologique, faisant une pause dans une action, et que celui-ci s'éternise en détaillant un à un tous les éléments mythologiques pas toujours originaux, relevant souvent du domaine commun.


Malgré tout, le film démontre un véritable savoir faire vis-à-vis de sa mise en scène. On sent un travail autour de la musique traditionnel amérindienne et du cadre, toujours dans un soucis d'iconisation des séquences clefs de son récit, donnant l'impression que nous regardons de véritables morceaux d'histoires. Cela n'est malheureusement pas suffisant pour sauver un film qui offre beaucoup de ventre mou. Ajoutez à cela les différents soucis lié à l'immersion dans le récit qui ne se fait jamais réellement, et un rythme très lent qui manque en contraste, on se retrouve à se faire terriblement chier face à un film qui n'arrive jamais à nous intéresser. Après 1h20 d'un film que tu acceptes avec beaucoup de mal sa structure, encore convaincu que regarder une scène amené à s'effacer pour un vrai récit, on retourne ENFIN dans le monde réelle pour une conclusion aussi aberrante que mal faite.

C'est donc avec beaucoup de mal que l'on voit l'histoire des amérindiens, dans une sorte d'Adam et Eve amérindien en parallèle des vrais Adam et Eve qui auront donné naissance à la société blanche, et l'on se retrouve dans le présent avec un chef de chantier illuminé du charisme et des croyances en la culture amérindienne qu'il est amené à comprendre l'importance de la culture amérindienne, sans le moindre contacte avec le grand père amérindien. Vu que les amérindiens et les ouvriers ont strictement aucun échange et qu'on ne voit pas une seul scène où on voit une quelconque évolution de la situation vis-à-vis du chantier, on imagine que l'ouvrier souhaite juste se reconvertir et démissionner de lui même plus qu'autre chose, et que mis à part dans un film très mal pensé et peu crédible, personne ne change d'avis de cette manière du jour au lendemain. La chef du chantier cliché finit avec une fin cartoonesque et grotesque qui décrédibilise le peu de sérieux que le film a pu acquérir à travers toute la présentation de sa mythologie, et on finit dépité et profondément consterné par un film qui ne raconte rien sur près d'1h40, mis à part un récit mythologique qu'on a déjà vu ailleurs en mieux fait.

En résulte un récit se croyant beaucoup trop intelligent par rapport à ce qu'il est, très lent et passablement désagréable, qui finit par être plus oubliable et insignifiant qu'autre chose tant d'autres films auront fait mieux auparavant.


8,5/20


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.

Youdidi
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le 4 juil. 2023

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