Le titre traduit en Frankenpute est clair : l’enjeu n’est pas une représentation authentique des sex workers, mais la déportation de la lutte sociale sur le terrain de la caricature. Des TDS comme communauté opprimée on ne voit rien de nouveau ni de glorieux ; c’est leur cliché, en revanche, qui est défendu et triomphe. En découle un film de solidarité qui, bizarrement, n’ose pas s’intéresser aux conditions de vie de celles qu’il soutient ; il faut que la surface seulement soit au centre de l’attention, soit par volonté de plaire soit par ignorance voilée. Le superficiel n’est pourtant pas le sujet du film qui cherche à s’en éloigner, par exemple le docteur Franken passe une vingtaine de minutes, seul en plan taille, à faire les cent pas et à monologuer sur des dilemmes moraux sans intérêt, lorsque la seule envie est de voir prendre vie le bête et méchant concept promis. Le film titube ainsi dans cette incertitude vis-à-vis de son projet. La Frankenhooker en question apparaît dans le dernier tiers seulement et, portée par la clownerie bon enfant de son jeu d’actrice, fait exactement ce qui était attendu d’elle, c’est-à-dire résoudre quelques noeuds de mise en scène (le positionnement éthique, la justification de la violence…) et conclure par un rebondissement décrit comme fun et engagé.

babelard
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le 2 févr. 2025

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