La première adaptation du roman Frankenstein ou le Prométhée Moderne de Mary Shelley (1818) est produite en 1910 (deux ans après Henderson fera celle du Jekyll de Stevenson). J.Searle Dawley la tourne en trois jours dans les studios Edison. L'heure est encore aux 'courts-métrages' et ce Frankenstein-là ne dure que 13 minutes. Il va donc chercher le plus fort et reprend principalement deux séquences : celle de l'engendrement et la rencontre de l'aveugle (où il termine chassé à cause de l'arrivée de sa famille). La création du monstre s'accompagne d'effets spéciaux diversement réussis, grand-guignols et surpassant le plus morbide de chez Méliès (Le diable au couvent, Dislocation mystérieuse).
Un parallèle est dressé avec la sorcellerie, conformément aux écrits de Mary Shelley, mais sans pouvoir étendre tous les remords de Frankenstein. L'agressivité du monstre reste injustifiée et théâtrale. Son allure est assez éloquente, mais plus proche du clochard sous substances que d'une image de sur-puissance. La version de James Whale (qui ouvrira une franchise via La Fiancée, complétée par Le Fils en 1960) avec Boris Karloff donnera une représentation en ce sens, avec un grand corps froid et massif, tout en soulignant l'humanité maladroite et réprimée de la créature. Frankenstein connaîtra de nombreuses autres adaptations, dès 1915 (le long-métrage Life Without Soul), notamment celle de Brannagh avec DeNiro (1995). Ces adaptations précoces de classiques littéraires sont rarement des réussites (Alice in Wonderland d'Hepworth en 1903, ou le Ben-Hur de 1907), Frankenstein se fond tranquillement dans la masse.
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