Autant le dire tout de suite, ce film est complètement invraisemblable : il suit "les pérégrinations d'un américain parti en weekend à Paris dont la femme est soudainement kidnappée par des méchants qui recherchent une valise que possède l'américain, celle-ci ayant été perdue par une sorte de pseudo-call-girl à l'aéroport". Plus série B, tu meurs - d'autant que le scénario prend un malin plaisir à embrouiller le spectateur.

Mais voilà, plusieurs choses sauvent le film. En premier lieu Harrison Ford, sans qui le naufrage aurait été inévitable. Il reprend quelques éléments de son jeu de Blade Runner et campe à merveille son personnage d'américain costard paumé dans un pays - et surtout une ville, Paris - dont il ne connaît pas grand chose, et sans doute pas la langue. Voir Ford essayer de parler français est à vrai dire assez fascinant, et les problèmes de communication font vraiment le sel du film.

Ensuite, Polanski (même s'il s'agit d'un élément très mineur de sa filmographie, inférieur à son récent Ghost Writer) a tout compris de la manière hitchcockienne de filmer un thriller, et sa mise en scène est efficace malgré son classicisme pare-balles. C'est un film des années 1980 qui sent les années 1960 dans son exécution - ce qui n'est pas une tare.

La France dépeinte par Polanski (même si elle reste une France pour touristes) est plus crédible que d'habitude dans le cinéma américain. Le Paris de Frantic est sale, gris, déprimant, et entre un joyeux petit tas de clichés (dont on se demande s'ils ne sont pas délibérés, quelque part) on trouve quelques critiques bien senties de la France de l'époque et du regard que nous port(ai)ent les Américains.
Cela ne masque pas malheureusement la déplorable surestimation des capacités linguistiques du Français lambda qui, s'il a un accent à couper au couteau en anglais, dispose ici presque toujours d'automatismes grammaticaux remarquables.
Mais bon.

La véritable raison de voir ce film est en vérité Emmanuelle Seigner, édition 1988, qui malgré son rôle de cruche intersidérale irradie la pellicule de son sex-appeal. Polanski semble en être bien conscient car on en vient à se demander si le personnage principal, qui recherche sans fin sa femme (Betty Buckley, insupportable), n'est pas un peu troublé par le charme la jeune femme. En découle des scènes frôlant la tension érotique, respirant le doute - même si malheureusement la solution de facilité est en définitive choisie par le réalisateur.
Kalès
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le 21 févr. 2011

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