Frère des ours
6.7
Frère des ours

Long-métrage d'animation de Aaron Blaise et Bob Walker (2003)

44eme « Classique d'animation » des studios Disney, sorti en 2003, Frère des ours, film marquant la fin de la 2D chez Disney, nous conduit dans le grand noir suivre les péripéties de Kinai, benjamin d’une fratrie de 3 jeunes garçons baignés dans les légendes et histoires traditionnelles Inuit, se voyant transformer en ours. Ce changement de vie va bouleverser sa façon de voir les choses et par ailleurs, la votre aussi…


L’autre réalité du monde animal


Dualité entre frères, vie et mort, choix déterminant notre destinée, l’homme et l’animal, l’enfant et l’adulte, spiritualité, notre nouvelle œuvre des studios Disney n’ira pas de mains mortes avec les plus sensibles, proposant un film alliant émotion, philosophie et humour dans une quête mémorable qui ne manquera pas de remettre beaucoup de gens à leur place.


Tout comme Pocahontas, Frère des ours n’est pas un dessin animé comme un autre. Il a un but : nous ouvrir les yeux en nous encourageant à changer de point de vue sur les choses qui nous entourent, quelles soient vivantes ou non. Au début de notre film, on nous fait adopter le point de vue d’un humain, Kinai, notre héros s’apprêtant à devenir un homme en effectuant le traditionnel rituel de passage à l’âge adulte de sa tribu. Rituel au cours du quel, dans sa communauté, il obtiendra son animal totem par la chamane.


Ce totem représentera une qualité censée l’inspiré pendant sa vie d’adulte. Kinai , le macho dans toute sa splendeur, rêvait d’avoir comme totem le tigre, symbolisant force et courage. Résultat le voila déçu, frustré, en recevant l’ours, symbole de l’amour. Pour lui, l’ours est un animal stupide ne pensant pas et n’ayant aucuns sentiments. On comprend là l’immaturité, la naïveté et les préjugés qu’a notre héros hyperactif. Son coté casse cou ne réfléchissant pas avant d’agir, son méprit vis-à-vis des animaux qu’il couvre en ridicule nous le prouve dès sa présentation. On sait qu’il va avoir droit à une leçon made in Disney.


La magie entourant une fois de plus notre film, Kinai, après avoir vécut un drame et se laissant guider par la vengeance en commettant l’irréparable, se voit métamorphoser en ours. Cette transformation emmènera notre héros dans une quête initiatique l’amenant à remettre tout en question. Notamment son rapport vis-à-vis des animaux. Cette nouvelle perspective, ce changement de point de vue consistera à montrer à Kinai qu’il avait tout faux sur les ours et les autres animaux. C’est par la peur et l’ignorance que l’on veut combattre. Les animaux, tout comme les êtres humains sont des êtres vivants que l’on doit respecter et ce, malgré nos différences intellectuelles et physiques. En ce retrouvant ours, Kinai sera placé dans la peau du traqué et prendra conscience de l’oppression qu’il exerçait lorsqu’il était humain et chassait les animaux. Et si c’était en fait l’humain le véritable monstre ? Et si c’était lui le persécuteur et non l’inverse ?


Cette séquence montrant Kina découvrir une peinture illustrant l'homme chassant l'ours l'accentuera bien. D'autant plus lorsque Koda, l'ourson, commentera la peinture en traitant l'homme de monstre, vraiment effrayant avec son bâton. Tout est donc une question de perspective.



L’amour est le plus précieux des totems. Il se manifeste souvent de
manière inattendue. Laisse l’amour guider tes actes, ainsi un jour tu
deviendras un homme.



Dans la peau d’un ours


Les messages de tolérance et de fraternité ont beau être merveilleusement illustrés, ne croyez pas pour autant que Frères des ours est une totale réussite. Oui Frères des ours est très émouvant, souvent puissant dans sa narration, sa réalisation et ses musiques, mais, malheureusement, le milieu du film s’embourbe dans la légèreté, transformant l’œuvre en pseudo road trip un poil ennuyant où il ne se passera pas grand-chose. Quant à l’humour du duo comique de l’histoire en la personne de Truc et son frère Muche (voyez le joli jeu de mot), il manque de profondeur, saboté par une écriture un peu bancale, pesant notre histoire. Pourtant, les deux personnages sont attachants mais manquent de ce petit quelque chose pour faire vraiment rire. Comptez un bon petit quart d’heure avant de retrouver de l’intérêt.


C’est bien gentil tout ça mais Frère des ours, pourquoi ce titre ? Parce qu’en plus de nous donner une leçon de tolérance, de nous apprendre à savoir nous poser, et observer le monde qui nous entoure, Frère des ours est une hymne à la fraternité, nous montrant l’importance dans une fratrie d’avoir un grand frère/grande sœur veillant et guidant les plus petits. D’autant plus lorsqu’il n’y a plus de parents. Tout le propos de notre film consiste de plus à redéfinir le mot fraternité, le redéfinissant en englobant dans un tout humain et animal.


Deux amours fraternels seront illustrés dans Frère des ours : le lien entre Kinai et ses deux frère, et le lien entre Kinai et l’ourson Koda. Pour ce dernier, il y aura tout un acheminement, des hauts et des bas avant qu’une relation forte se créée entre les deux personnages. Et là encore, Disney sait trouver les mots et la manière dont il faudra construire cela. Douceur, tendresse et amour seront au rendez vous.



Quelque soit ton choix, tu es mon petit frère pour toujours.



Frère des ours : Nouvelle merveille des studios Disney


Visuellement, Frères des ours est une pure merveille, rivalisant haut la main avec des classiques comme Le roi lion. Parce que oui, la séquence d’introduction de notre film rivaliserait presque avec ce classique de Disney. Originalité, Frère des ours, voulant accentuer la différence entre le monde des hommes et le monde des animaux, opte pour un changement de format coté image.


Ainsi, nous voila en format 4/3 lors des scènes humaines, et 16/9, soit vue panoramique lorsque Kinai découvre avec ses nouveaux yeux d’animal, le monde des bêtes. De par cette technique intelligente et pas réutilisée depuis des années, notre œuvre prend plus d’ampleur et donne plus d’ampleur à nos décors merveilleusement bien retranscrits de l’Alaska. La neige et la glace, la verdure, ses petites rivières et cascades, Frère des ours apaise, éblouit, rend parfaitement hommage à la nature, combinant à merveille 2D et effets 3D.


La musique, c’est l’un des premiers points sur lequel je me suis arrêté, voyant la participation du chanteur Phil Collins. Comme vous le savez, ce n’est pas la première fois que notre artiste travaille pour Disney. On l’a vu des années auparavant embellir Tarzan. Bien que moins présent pour cette nouvelle œuvre, le chanteur n’a rien perdu de son talent et de sa sensibilité, ne manquant pas de rendre mémorable musicalement parlant notre film. Les paroles sont justes, collent à merveille avec l’âme de Frère des ours. Il en sera de même pour les autres chansons, moins nombreuses que dans les autres Disney (5 pour notre film) mais présentes quand même.



Truc et Much : On va jouer a "devines c'que j'vois ok ?"
- Ok - C'est vert...
- Un arbre..
- A moi! je vois quelque chose avec un tronc vertical
- Un arbre, A moi, je vois quelque chose qui a disons... de l'écorce...
- Un arbre! ... Je vois... - Un arbre!



Au final, bien que le milieu du film lui fasse perdre de sa superbe à cause de son humour raté, ça n’empêchera pas Frère des ours d’être d’une beauté renversante, livrant un joli message de tolérance, de fraternité et d’amour de la nature, cette nouvelle œuvre des studios Disney, de part ses personnages attachants, son visuel, ses musiques et chansons, son histoire et dialogues ainsi que sa morale, mérite toute sa place parmi les classiques de chez Disney. Humains, animaux, et si nous étions tous pareils ?

Jay77
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Créée

le 10 févr. 2018

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