Frère des ours par Rakanishu
Je pourrais dire "Je mets 10 à Frère des Ours car le film est tellement bon que même Phil Collins passe très bien". Mais ce ne serait qu'un bête troll.
Il y a une guerre constante dans ma tête entre qui de Frère des Ours et du Roi Lion est mon Disney favori. Les deux tapent dans la tragédie familiale, mais Frère des Ours se permet en plus de sortir des sentiers battus des films Disney.
En difficulté lors d'un combat avec un ours, Kenai se fait aider par ses frères, Sitka et Denahi, mais cela causera la mort de Sitka. Epris de haine, Kenai traque alors l'ours avec en tête de le tuer, ce qui l'amènera en toute logique à devenir un ours lui-même une fois cette besogne accomplie. Hé oui, on est à l'époque des mammouths, les gens sont hyper croyants avec des trips d'esprits dans le ciel, et ces petits coquins ont justement décidé de donner une leçon de vie à Kenai, en le transformant en son pire ennemi. Celui-ci n'aura d'autres choix que de retourner sur la montagne « où les lumières touchent la terre » s'il veut retrouver son apparence normale. Bien sûr, ce voyage sera ponctué de nombreuses rencontres, avec notamment le petit ours Koda, et un chasseur aux trousses de nos héros, qui n'est autre que Denahi.
Disney lâche le scénario typique de ses films en nous montrant une poursuite entre deux frères, dont l'un a la ferme intention de tuer l'autre. Alors oui, Denahi ne sait pas que Kenai est un ours et on espère secrètement que l'issue de ce combat entre les deux ne sera pas sanglante. Reste qu'ici, il n'y pas de méchants au vrai sens du terme. Denahi a ses raisons de vouloir tuer l'ours, celui-ci étant persuadé que l'ours est la cause de la mort de ses frères.
S'il n'y a pas de méchant disneyiens prêt à mourir dans d'atroces souffrances à la fin comme dans tous les Disney, Frère des Ours n'est pas un film léger pour autant. Le climat du film se veut relativement sombre, et ce ne sont pas les rares traits d'humour dispensés par les deux élans et Koda qui vont y changer grand-chose, surtout que la palette de couleurs du film, plutôt terne, vire rarement dans les couleurs foisonnantes (à 3-4 occasions).
Autre caractéristique de ce Disney pas comme les autres : un retournement de situation à la fin. Ne vous attendez pas à un Usual Suspects pour autant, mais on a jamais (ou rarement ?) vu cela auparavant dans un film Disney. D'autant que le twist, très cruel dans le cadre d'un dessin animé, a une réelle portée sur le scénario. On a donc un scénario totalement différent des autres de par son histoire et son déroulement.
Enfin, Frère des Ours a de bonnes idées de mise en scène. La longue introduction avant la transformation en ours de Kenai est filmée volontairement avec des bandes noires sur tous les côtés de l'écran. Lors de la première scène où celui-ci découvre qu'il est un ours, les bandes s'enlèvent soudainement et le film prend tout l'écran. Une idée de mise en scène toute con, mais qui permet au spectateur de clairement ressentir un changement en même temps que le personnage.
Je ne parlerais pas ensuite des petits plans 3D bien incrustés (même si vieillissants), des nombreux travellings (?) autour des personnages pour souligner l'action autour d'eux (ou pour appuyer une scène forte) ou des petites idées à droite à gauche qui font penser que Frère des Ours est vraiment bien pensé.
Vous l'aurez compris, j'ai été conquis. Je vais bientôt approcher de la dizaine de visionnages, et ce film me fait toujours le même effet (à savoir me transformer en homme-fontaine sur la fin, magnifique).
Hélas, peu sont de cet avis. Peut-être que le côté familial omniprésent dans ce film (le film ne parle que de relations entre frères, que ce soit entre Kenai et ses frères humains ou entre Kenai et Koda) me parle plus que d'autres.
Je recommande, mais surtout aux ours qui ont perdu un frère.