Un film captivant dans les solitudes glacées du Nord des Etats-Unis, à la frontière canadienne, là où des êtres humains marginaux s’attachent à survivre dans un mélange de communautés et de lois à l’équilibre instable. Une femme que son mari a abandonnée avec leurs deux enfants devient par hasard passeuse de clandestins pour gagner de quoi acheter la maison de ses rêves. La mise en scène est remarquable de sobriété et d’efficacité, les paysages sont magnifiques et les personnages sont admirablement dépeints. L’interprétation est à la hauteur avec un duo de femmes (Melissa Leo et Misty Upham, prodigieuses toutes les deux) que tout semble opposer au départ et qui vont se retrouver unies dans une fraternité émouvante. Tout juste peut-on reprocher à ce beau film une conclusion qui nous laisse sur notre faim et nous fait regretter de ne pas poursuivre l’aventure de la vie en compagnie de ces personnages attachants. Mais pour un coup d’essai, Courtney Hunt, cinéaste de quarante-cinq ans, nous livre une œuvre étonnante de maîtrise et d’unité de ton. C’est du très bon cinéma indépendant américain, sans pathos ni emphase, à découvrir sans retard.