Si l'idée d'un thriller reprenant quasiment heure par heure l'état de crise causé par le séisme du 11 mars 2011 ayant affecté la deuxième centrale nucléaire la plus connue de l'histoire est bonne, voire très intéressante, difficile de s'extasier devant ce téléfilm aussi mal écrit que fauché comme les blés.
L'avertissement qui dit en somme "tout lien avec la réalité est purement fortuit" en début de film n'aide pas à l'immersion (même si je suppose qu'il est là uniquement pour des questions juridiques), mais c'est surtout le manque de moyens qui fait tache. Non pas que l'on s'attendait à du Michael Bay mais le film semble avoir été tourné dans une poignée de salles désertes et cages d'escaliers, les personnages passent leur temps à s'appeler avec des portables à clapet (éteints pour la plupart) pour se balancer des infos sur une musique dramatique probablement libre de droits entre deux séquences où les figurants font bouger des tables pour simuler le séisme et ses répliques.
Dans ces non-décors se déroulent des échanges criards et surjoués souvent montés de façon incompréhensible, des hommes en costumes disent d'une voix grave "c'est la fin du Japon" une fois toutes les dix minutes. Au milieu on a d'intéressantes anecdotes et un aberrent constat du manque de communication entre le gouvernement et la société privée qui s'occupe du réacteur mais le scénario brouillon - malgré sa cristallisation autour d'un faux personnage de journaliste - donne vite dans l'amphigouri pathétique. De plus la mentalité très travail, famille, patrie donne des relents nauséeux du film : les sacrifices à tout va, des clichés innombrables (la femme est uniquement au foyer occupée à s'inquiéter pour son mari) et l'absence totale d'évocation des conséquences hors Japon (notamment les rejets radioactifs dans l'océan) affaiblissent sur le fond un propos déjà trucidé par sa forme.
Le seul point positif reste les débats éventuellement organisés en fin de projection. En l'état, quelle que soit la validité de son message, Fukushima, le couvercle du soleil est un film de propagande si lourd et mal fait qu'il en devient contre productif.