Il y a deux films dans Furia, qui fusionnent mal, ou plutôt dont la fusion conduit à la destruction partielle du premier au contact du second, soit le minage de la romance dans un contexte singulier de régime totalitaire par une complaisance dans les sévices corporels et psychologiques que doivent endurer nos protagonistes principaux. La fatalité qui entoure leur amour, faite de non-dits, de jeux de regards et de dessins, exigeait un traitement abstrait et non concret : en dévoilant les tortures, Alexandre Aja participe à la dégradation des œuvres peintes sur les murs de la cité en guise de révolte, il invalide malgré lui leur puissance symbolique au profit d’un fracas d’inhumanité représenté avec frontalité. La figure du vengeur solitaire, emprunté au cinéma australien et américain, est plaquée sur une composition pourtant singulière des personnages, très française en raison de son attention portée à l’espace et au temps qui s’y écoule péniblement, comme suspendu, balayé par des bourrasques de sable.
Furia confond les esthétiques et prouve que le néo-impressionnisme, qui se saisit de traits épars pour donner vie à une forme en mouvement qu’il faut regarder avec distance, ne peut, par définition, rencontrer le néo-expressionisme, relevant lui d’une déformation des traits du visage comme reflet d’une nature humaine tourmentée et manichéenne. Seule demeure constante la nostalgie diffuse de Brian May, qui signe une composition musicale magnifique.