Météo, goulot, bobos.
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Dès son premier film en tant que réalisatrice, Mélanie Laurent à démontrer un savoir-faire technique irréprochable, confirmant par la suite cette bonne impression mais soulignant aussi ses deux plus grands défauts, un sens du dosage biaisé et un manque flagrant de subtilité. Avec Galveston, elle signe son premier film américain, et alors qu'elle s'exporte vers de nouvelles contrées et adapte la nouvelle du même nom de Nic Pizzolatto, lui qui s'est fait connaître avec son excellente série True Detective, elle continue pourtant à perpétuer ses habitudes. On retrouve aussi les obsessions naissantes de Pizzolatto, car même si il n'a pas directement signé le scénario, il en reste l'origine. Mais l'ensemble résulte dans un film inabouti, parfois enivrant mais aussi un peu lourd qui reste beaucoup trop fidèle à la nouvelle pour vraiment s'y émanciper.
On se retrouve donc face à une oeuvre scolaire, qui brille surtout à travers la qualité technique de la réalisation de Mélanie Laurent. La mise en scène est sèche et offre des moments de tensions prenants notamment au travers de deux plans séquences à la maîtrise parfaite. Néanmoins, Laurent se montre moins à l'aise avec les symboliques et le rythme de son film. Passant trop vite sur des passages importants et étirant un peu trop des scènes anecdotiques. On se retrouve avec une impression de lenteur mais aussi un sentiment que les choses vont trop vites et reste survolées. Elle filme son duo d'acteurs avec sensibilité et soigne ses cadres grâce à un joli travail sur la photographie. Mais elle ne transcende jamais un récit qui s'articule beaucoup sur des stéréotypes et les ficelles traditionnelles de ce genre de thriller. La nouvelle de Pizzolatto n'est pas en soit une révolution, et le film ne prend jamais de liberté avec son matériau. On se retrouve face à un déroulé en trois actes classiques qui voient la fuite des personnages en quête d'une meilleure vie, la création de celle-ci puis les retombés de leurs anciennes vies. L'intrigue se voit donc balisé et on devine très vite comme va évoluer la relation entre le tueur en quête de rédemption et la jeune prostitué qu'il a aidé à aller de l'avant.
Pour autant, le film saura surprendre dans sa conclusion, notamment en brisant ce qu'on pouvait en attendre. Car à jouer des ficelles déjà connus pendant la majeure partie du récit pour nous mettre dans une position de confort avant de briser nos repaires sur la fin et une idée assez brillante et qui fonctionne totalement. Nous laissant sur un épilogue anti-climatique mais profondément touchant. Surtout que Galveston est habité par un protagoniste plus qu'intéressant et bien écrit mais qui bénéficie aussi du talent de son interprète. Car même si Elle Fanning est comme à son habitude magnétique, son personnage se voit bien plus classique et limité par le récit. Elle reste fidèle à elle-même, livrant une performance sans fausse note mais reste vampirisée par un Ben Foster au charisme sidérant. L'acteur tient probablement son meilleur rôle et montre qu'il est bien le talent le plus sous-estimé d'Hollywood, lui qui se voit souvent relégué aux seconds rôles. Ici il dévoile toute l'étendue de sa palette de jeu et offre une prestation intériorisée, fiévreuse et ,dans ses derniers instants, déchirante.
Galveston est une oeuvre qui ne manque pas de qualités. Entre son casting brillant, Ben Foster en tête, sa réalisation technique imparable et sa belle conclusion, le film est capable d'offrir de beaux moments de cinéma même si il n'arrive jamais à transcender son genre. Il se voit aussi parasité par un rythme bancal, un récit attendu et une lourdeur par moments assez gênante. On se prend quand même à passer un bon moment mais on voit surtout une occasion manquée de marquer durablement. Galveston est donc un film agréable mais aussi vite oubliable.
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Créée
le 26 oct. 2018
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