Le miroir social aux alouettes
Après une première partie catastrophique (http://www.senscritique.com/film/Gangs_of_Wasseypur_1ere_Partie/critique/19185089), j'abordais cette seconde partie avec beaucoup de réticences.
La mort du père avait toutefois relancé un petit intérêt artistique : un moment de bravoure qui m'a beaucoup plu, tout comme le final de cette partie-ci.
Oui, cette partie-ci est plus inspirée, plus intéressante aussi musicalement. Plus intéressant est aussi le personnage du petit fils, qui prend à contre-pied le physique et les manières de ces aïeux. Faizal est maigre "comme un fil électrique", timide, il n'impose pas et se fout des affaires. Pourtant, il est le plus féroce et le plus finaud des trois.
Mais de là, à trouver des nuances, ce serait trop demander pour ce film qui en a grand besoin. Je connais le cinéma bollywoodien pour cette faculté déconcertante de n'avoir aucun recul et de promouvoir naïvement des choses rétrogrades. Mais Gang of Wasseypur 1 & 2 demandait à y voir clair sur ces intentions : le but est-il vraiment de montrer des tyrans de bout en bout ?
Puis j'ai eu une réflexion à propos. Je sais que le cinéma est le cinéma de la petite-bourgeoisie dans une part majeure au sein de l'industrie cinématographique. En effet, pour trouver des crédits, il faut séduire ceux qui ont déjà de l'argent et cet argent placé est le fruit d'une domination de classe. Et je me suis demandé : dans quelle mesure le cinéma est-il le miroir de la société ? - et en l'occurrence de la société indienne. Autrement dit, dans quelle mesure sont insérés dans la culture les éléments culturels de la classe dominante ? Juste avant une attaque contre la maison de Faizal, la famille regarde de manière hypnotique une série télévisée qui intervient à quatre reprises dans les deux parties. Un véritable culte dont le film ne se sépare pas, alors que la critique était à portée de mains. C'est donc en vain que le film s'achève sur un bouleversement tout aussi vide : on est parti de la vengeance, on arrive à se venger. C'est droit et inhumain.
Je pourrais me dire que ce film est une double lecture permanente mais il ne laisse aucune porte de sortie. Il croit vraiment à ce qu'il représente à l'écran.
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