Le bal des pourris
Dès son premier film, Olivier Marchal percutait le polar à la française sans prendre de gants, avec pour seule idée en tête de coller au plus près une réalité poisseuse rarement glamour. Dans...
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le 17 juin 2015
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Dès son premier film, Olivier Marchal percutait le polar à la française sans prendre de gants, avec pour seule idée en tête de coller au plus près une réalité poisseuse rarement glamour. Dans Gangsters, lorsqu’il est question de sentiments, d’amour et d’amitié, c’est sans paillette, à coup de mandales dans la tronche et de contreparties fumeuses. En cela, le film est réussi, d’autant plus qu’il témoigne également d’une sensibilité particulière en matière de mise en scène. Un travail nerveux, sans fioriture, qui s’exprime lorsque les coups pleuvent et que les acteurs montent le ton. Les scènes d’interrogatoire par exemple sont particulièrement bien gérées, jamais trop écrites, savamment garnies en punchline assassines et surtout agréablement contenues en hystérie excessive. A comprendre que les acteurs sonnent justes, à l’exception de quelques seconds rôles poussifs, même Parillaud ne part pas dans des gueulantes à se broyer les tympans, un exploit.
Quand au pitch menant à l’affrontement entre flics peu commodes et truands taquins, même s'il est par moment un peu poussif, il réserve son lot de surprises. Bien amenées, certaines révélations, même les plus précoces, sont difficiles à anticiper, et de ce fait, font leur petit effet. Le personnage d’Anconina, notamment, est particulièrement bien géré, ainsi que l’identité de ses proies, qui tient du mystère jusqu’au dénouement, même si certaines clés permettent de dresser quelques hypothèses. Dommage qu'autour du couple vedette qu'il forme avec Parillaud, les personnages soient caractérisés à coup de gros traits un peu gras (le flic rigide, le chien fou, le je m'en foutiste, le tombeur ... ça fait un peu beaucoup).
Mais ce qui semble le plus discutable dans Gangsters, c'est sa fin, précipitée, en trois temps par forcément utiles, et surtout, en opposition au pessimisme total insufflé par Marchal jusque là. On avale cependant la pilule sans trop rechigner parce que même s’il est imparfait, qu’il fait preuve de la fougue parfois non contrôlée d’un premier jet (le portrait des flics est quand même sacrément gratiné), Gangsters porte la marque de son auteur et rafraîchit l’univers du polar à la française à une époque où il est définitivement perdu. Depuis, Marchal a prouvé qu’il avait sa pierre à apporter à l’édifice. Il signe d’ailleurs son meilleur film 2 ans plus tard avec «36, quai des orfèvres» dans lequel il remédie à la plupart des reproches que l’on pouvait faire à ce premier essai.
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le 17 juin 2015
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