No future ?
Coup d'essai, coup de maître pour le comédien Zach Braff qui fait ici ses débuts à la mise en scène. Sur un canevas qui avait tout de l'énième film indépendant branchouille (un jeune comédien...
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le 25 août 2012
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Première réalisation de Zach Braff, l’acteur interprétant J.D dans la série Scrubs délaissa quelque temps les plateaux pour se consacrer à son tout premier film où il officia en tant qu’acteur principal, scénariste, et réalisateur. Basé sur les expériences de la vie de l'acteur, cette comédie dramatique mettant en vedette Nathalie Portman, Ian Holm et Peter Sarsgaard, raconte le difficile retour chez lui d'un jeune acteur paumé alors que sa mère handicapée vient de mourir.
Nouvelle preuve que l’amour est le vecteur de la vie ?
Toujours en quête du film répondant à mes questions existentielles me faisant me sentir moins seul dans ce monde d'insensibles, j’ai un temps retrouvé un semblant d’espoir. Et si c’était Garden State, ce film sorti en 2005 ? Sa bande annonce m’avait conquis. Merci la musique de Frou frou « Let Go ». Dès sa sortie au cinéma, j’avais répondu présent dans la salle, impatient de voir si ce que j’avais vu dans la bande annonce était en adéquation avec le film entier. Je ne fus absolument pas déçu de ce petit voyage. Pire, cette comédie dramatique conquis mon cœur à jamais, le faisant devenir l’un de mes « films de chevet ».
Au premier abord, Garden State possède tous les défauts du film indépendant vous faisant bailler aux corneilles du début à la fin jusqu’à vous plonger dans un profond sommeil. Et ce n’est pas avec son lot de musiques envoutantes (Coldplay, The Shins, Simon and Garfunkel, Iron and Wine) qu’on pensera le contraire. Et pourtant, ce film, pas bavard inutilement, est bien plus fascinant qu’il n’y parait. Histoire simple, il n’en est pas de même pour les dialogues et la réalisation à des années lumières de tout ce qu’on a pu voir jusqu’ici.
Doté d’un nombre impressionnant de détails visuels en tout genre le rendant riche et complexe, Garden State, accompagné d’une bande originale stupéfiante, dégage de la poésie, tout en abordant des thèmes comme la réussite professionnelle, la drogue, l’alcool, les relations amicales/amoureuses et familiales, le deuil, illusions de nos rêves, incertitudes, recherche du bonheur.
Mais ce n’est pas tout, Garden State c’est aussi des questions existentielles, des sujets importants. Remise en question, fuir ses problèmes, revivre à nouveau, quoique certains disent, Garden State n’a rien de banal. Il est même, aujourd’hui encore, d’actualité. Proches de la trentaine, nos héros, paumés, vivant encore chez leurs parents, occupant un boulot dont ils ne rêvaient pas, essaient tous de trouver un sens à leur vie. Andrew a beau avoir quitté le cocon familial, il en est toujours au même point que les autres et ce, malgré un emploi et un appartement. Sa vie d’indépendant est-elle si satisfaisante ?
Y’a ce moment dans ta vie, tu sais, où tu t’rends compte que tu t’sens
plus vraiment chez toi dans la maison où t’as grandi. Du jour au
lendemain, même si tu peux toujours y poser tes valises, ce qui était
ta maison n’a plus cette saveur.
Des personnages proches de nous
Zach Braff nous livre une jolie prestation. Je me suis vraiment senti proche de lui. Je n’ai peut être pas vécut le même style de problèmes que son personnage, ça s’en rapproche, tout comme d’autres hommes proches des trente ans. Contrairement à son personnage déjanté et décomplexé de J.D, Zach, avec Andrew, est plus introverti, paumé, mystérieux, rêveur, détaché de tout, tout en retrouvant par moments cette petite joie de vivre, réapprenant à éprouver des sentiments. Le parfait exemple de ce qui vous arrive quand vous prenez trop d’antidépresseurs et que du jour au lendemain, vous arrêtez de les prendre.
Je suis tombé totalement sous le charme, voir amoureux de Sam, interprétée par Nathalie Portman. Une fille à la personnalité loin des films romantiques habituels. Etrange, simple, féminine tout en étant un peu garçon manqué, fragile tout en étant forte, drôle, compatissante, ouverte, énergique, bordélique, sensible, mignonne à croquer, en un mot : la femme de mes rêves. Cette jeune femme donne envie qu’on la protège, qu’on la respecte, qu’on l’aime profondément. Déjà le coup de foudre plus jeune en la découvrant dans Léon, puis dans la prélogie Star Wars, voila qu’ici, avec ce film, elle gagne définitivement mon petit cœur.
Première fois que je vois l’acteur Peter Sarsgaard dans un film, première fois que je ressens une profonde empathie pour un personnage pas vraiment détestable mais ambigu. Pour tout dire, les regards de ce personnage provoquent à la fois malaise et interrogation. On ne cerne pas ce personnage bien qu’il est un caractère fort et un petit coté rebelle. Petit à petit, on finit par voir que l’extérieur n’était qu’un masque cachant une profonde sensibilité. Superbe interprétation de l’acteur.
Autant rigoler, la vie va te sembler vachement longue si tu prends
trop au sérieux les choses qui t’arrive...
Drôle et très humain
Mélangé avec de l’humour bien décalé, parfois absurde, parfois proche du politiquement incorrect tout en offrant des émotions sincères, son atmosphère respirant la liberté est une ode à la vie. Pas de clichés du genre, des dialogues vrais, des interprétations authentiques, une ville recélant tout un tas de surprises et de nostalgie, une esthétique bien précise impliquant des plans élaborés, Garden State, peut compter sur son casting pour gagner définitivement notre cœur. Et si l’amour était la solution à tous nos maux ? Et s’il pouvait changer le cours de notre vie ?
Homme, femme, jeune homme, jeune fille, nous avons pratiquement tous eu au cours de notre vie nos moments de doutes, nos moments où l’on regrettait nos décisions passées. Professionnels, sentimentaux, familiaux, certains choix faits nous ont conduits à être la personne que nous sommes aujourd’hui. Bon ou mauvais, chacun a le choix de changer. A condition de le vouloir.
A travers notre film, nous en apprendront plus sur Andrew et ses choix l’ayant conduit à quitter la maison de son enfance, ne plus jamais reparler à son père, quitter ses amis. Ne plus fuir, trouver sa voie, se libérer du poids du passé, s’aimer de nouveau, renouer avec le passé, renaitre. Bien qu’il déverse un peu de romantisme, Garden State centrera surtout son histoire sur Andrew, son histoire passée, ses rencontres, ses doutes, ses regrets, son évolution. Garden State force l’introspection, la volonté de changer, de vider son sac une bonne fois pour toute afin d’aller de l’avant. Pour les fans de Big Bang Theory et de Sheldon Cooper, Jim Parsons fait un caméo d’anthologie. L’âme de Spock suit définitivement partout l’acteur.
Garden State, l’art dans toute sa splendeur. Comme pour une peinture abstraite, il y aura ceux laissant leurs émotions trouver une signification lors de ces scènes visuelles, et les autres qui passeront leur tour. Oui, Garden State demande un effort, celui d’ouvrir son cœur, laisser libre court à son imagination, déceler les messages cachés derrières ces moments dits absurdes, incompréhensibles, sans réels sens. C’est un fait, l’œuvre de Zach Braff, que ce soit par ses dialogues ou son visuel, nous plonge souvent dans le métaphorique (cf la séquence de la carrière où Andrew parle de continuer d’explorer une faille qui n’en finit pas, métaphore de la vie adulte vaste et imprévisible). A vous d’adhérer ou non, quoiqu’il vous en coute, vous ne pouvez passer à coté de cette œuvre philosophiquement et poétiquement proche de la perfection.
- Y’a un tas de choses que fait un enfant normal que j’ai dû louper. - Y’a un tas de choses que fait un enfant normal que j’aurais dû louper.
Au final, léger tout en étant puissant, Garden State a été fait avec amour, touche au plus profond de son âme, tisse un lien fort entre le spectateur et les protagonistes, charme par son incroyable bande originale, fait rire grâce à son humour fin et décalé jamais lourd, tout en analysant la psychologie des trentenaires. Garden State fait un bien fou, nous encourage à la fin à profiter de notre vie, ne plus rester enfermer dans notre routine et notre bulle. En sommes : vivre.
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Créée
le 20 janv. 2018
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